16 déc. 2007

DECLARATION DU COMITE D'ORGANISATION POUR LA CONFERENCE SUR LA QUESTION TOUAREGUE















En 1885, les puissances coloniales décident de partager l'Afrique selon des frontières correspondant à leurs territoires d'influence. « Le pays touareg» est alors réparti entre cinq Etats (Libye, Algérie, Niger, Mali et Burkina Faso) en dépit de la demande faite par les notables touaregs de restitution de leur «pays ». Cette répartition a eu pour première conséquence le démembrement du peuple Touareg, le réduisant à une minorité, en marge géographique et politique de chacun de ces Etats.

Les différentes révoltes et le refus idéologique des Touaregs de scolariser leurs enfants ont eu notamment pour conséquences d'accentuer leur marginalisation face à l'émergence du monde dit «moderne et développé».

Nomades ou sédentaires, les Touaregs, difficilement contrôlables, dérangent les Etats issus de la colonisation. Ceux-ci tentent de modifier un mode de vie selon eux peu compatible avec les règles d'une économie capitaliste. Aujourd'hui, l'exploitation de l'uranium sur les terres pastorales, sans consultation des habitants et basé sur le profit rapide se fait au détriment de l'humain et de l'environnement.

Les périodes de sècheresse des années 70 à 80 déciment une grande partie du cheptel. Dans les années 90, avec le constat d'une décroissance démographique régulière, une partie de l'élite Touarègue écartée de la gestion de sa région, prend les armes. Cette rébellion, qui durera cinq ans, se soldera par des accords de paix.

En février 2007, face à une:fin de non recevoir en provenance du Pouvoir central de Niamey pour obtenir l'application intégrale des accords de paix, de nombreux Touaregs, qui réclamaient, notamment, l'application de ces accords de paix, se regroupent au sein d'un nouveau mouvement de résistance: Mouvemen~ des Nigériens pour la Justice (MNJ). Ce mouvement, à majorité touarègue, comprend d'autres Nigériens et groupes ethniques différents, se reconnaissant dans les revendications touarègues.

Depuis cette date, des actes de violence ont causé la mort de populations civiles vivant au nord du pays. Cette région, mise sous «état d'urgence» par les autorités, est le théâtre d'exactions de toutes sortes perpétrées par les Forces Armées Nigériennes, exclusivement en direction de la population touarègue: destruction de bétail, exécutions sommaires, pose de mines, déplacements de populations, arrestations et détention arbitraires, presse muselée. De plus, des témoignages directs font état de graves menaces de viol sur les femmes touarègues, procédé habituel pour faire disparaître une ethnie.

Par ailleurs, les populations touarègues du Mali subissent également des injustices contre lesquelles un mouvement rebelle s'est également dressé.

Réunis à Paris le 08 décembre 2007 pour évoquer et débattre de la situation dans le pays touarègue et réfléchir sur l'avenir de la région, les organisations des Droits de l'Homme, les associations humanitaires, les représentants de la diaspora touarègue parmi lesquels de nombreux intellectuels, les sympathisants de la cause touarègue, signataires de cette déclaration dénoncent:
- les Etats Nigérien et Malien pour leur non respect des accords de paix signés;
- tout particulièrement l'Etat Nigérien pour les exactions qu'il commet sur les populations civiles du Nord Niger;
- la complicité de la communauté internationale, notamment celle de la France, des Etats-Unis et de la Chine devant leur silence face au drame que vivent les populations civiles victimes du conflit ;
- la politique de non contrôle d'Areva sur les impacts néfastes au regard de l'environnement de l'exploitation de leur mine d'ArUt et des conditions de travail des employés;
- l'exclusion des cadres touaregs de l'administration locale et régionale
- l'expropriation foncière et les conditions de l'occupation de l'espace pastoral par les multinationales
- La non équité dans le recrutement dans l'armée et dans l'attribution des bourses aux étudiants.

Ces signataires demandent :
- la cessation immédiate des hostilités et de l'état d'urgence,
- la cessation des exactions militaires
- la nomination d'une commission d'enquête sur toutes les exactions commises par l'armée nigérienne sur les populations civiles;
- une résolution urgente et paisible du conflit par la voie du dialogue; la remise des coupables devant un tribunal indépendant;
- le respect des conventions internationales, de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, de la Convention de Genève;
- la libération des civils arrêtés arbitrairement et incarcérés ainsi que celle des journalistes et le rétablissement de la liberté de la presse;
- qu'une étude indépendante soit menée sur les conséquences de l'exploitation uranifère sur l'environnement (eau, air, sol, faune et flore), sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, sur les habitants de la région et sur leur santé;
- l'arrêt de l'attribution de nouveaux permis d'exploitation et la restitution aux populations touarègues de leurs territoires conformément à l'article 10 de la déclaration des Nations Unies du 13 septemb1-e 2007 sur le droit des peuples autochtones;
- la nomination d'une commission locale d'étude sur les termes d'un nouveau code pastoral
- l'application des accords de paix et la négociation d'un nouvel accord ou programme en raison des enjeux économiques, fonciers et sécuritaires de la zone nord Niger,
ET EXPRIMENT LEUR SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE TOUAREG EN LUTTE POUR LE RESPECT DE SES DROITS ELEMENTAIRES.

A Paris, le 15 décembre 2007

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai des amis en pays touareg notamment à Agadez et je connais bien leur détresse. Inutile de vous dire que je partage totalement les idéaux des touaregs qui se révoltent contre les injustices qu'ils subissent et que je blame totalement la presse des pays comme la France qui se taisent sur ce qui se passe là-bas qu'on peut assimiler à un véritable génocide. N'y a t-il pas au moins un journaliste français prèt à s'engager et à faire connaître au monde ce qui se passe dans ce pays. Je ne suiis pas journaliste mais je ne suis qu'un vieille dame française complètement révoltée contre si silence coupable des grandes puissances.
Comment peut-on agir ? Dites-le moi. Je suis prête à soutenir cette cause.

Anonyme a dit…

Tu feras mieux d'aller sur place

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