27 mars 2007

TINARIWEN - Cologne-16/03/2007

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Groupe Imawalane


Touaregs & Peulhs Woodabés ( Agadez )

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26 mars 2007

TAQQAL ATHAWRA TENALLE CHADJRET
S RAQIS AKRAMBINET WAR RAQIS EQOUDANET
"La révolution est un long fil qu'il est plus facile de tordre que de redresser"

KEDDHOU

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20 mars 2007

"Imuhar, une legende"
























« Imuhar, une légende » est un film de Jacques Dubuisson (1997).

Interprètes : Ibrahim Paris, Mohamed Ixa, Rhali Ixa, Mohamed Ichika, Atibou Aboubacar, Oumou Algabid, Agdal Mohamed Ahali, Djibril Feltou, Jamilla Ahmayade, Ibrahim Kounour, Sadi Tamb,...

Résumé : La mère de Khénan vient de mourir. Il a onze ans et a toujours vécu à Paris. Sa mère Claire était française, son père Najem est Touareg. Najem l’emmène alors rendre visite à sa famille, dans son pays, un pays que Khénan ne connaît pas, le Niger. Au milieu du désert magnifique, Khénan va vivre des moments inoubliables. Avec son grand-père, Kénuni, sa tante, Kannes, ses cousins et ses cousines, il va découvrir une autre vie, la vie des Imûhars, le nom que se sont donnés depuis toujours les Touaregs et qui signifie « être libre ».

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18 mars 2007

TUAREG: LE GUERRIER DU DESERT



Les touaregs sont des hommes à part. Méprisants les villes, leur demeure est le désert. Ils ne connaissent ni les frontières ni les autorités et ne sont régis que par leurs lois et traditions. Des lois qui prônent un respect du prochain et des traditions que nul ne saurait entraver. Un jour, deux hommes assoiffés traversant le désert sont recueillis par Gacel Sayah (Mark Harmon), vénérable guerrier touareg au courage sans égal. L'hospitalité étant une chose sacrée chez les touaregs, les deux hommes sont accueillis et soignés avec attention. C'est alors que l'armée surgit de derrière les dunes, assassine l'un des hommes et kidnappe l'autre qui s'avère être l'ancien président déchu. Gacel Sayah, humilié, crie vengeance ! Quiconque touche à ses invités mérite la mort ! Ainsi commence une traque sans merci à travers le désert.

Mark Harmon s'amuse comme un fou à incarner le guerrier touareg à l'honneur bafoué. Bravant les dangers du désert, résistant au soleil et à la soif, il va jusqu'à boire le sang de son chameau ! Seul, il prendra d'assaut la prison d'état, mitraillette en bout de bras, pulvérisant ses ennemis au ralenti. Les impacts de balles déchirent les peaux laissant apparaître des énormes plaies sanglantes tandis que les cascadeurs bondissent dans les airs soufflés par les explosions de leur véhicules. Castellari signe ici un film attachant qui dessert ses scènes d'action à dose homéopathique mais de manière redoutablement efficace préférant s'attacher à la résistance de son prodigieux Touareg pour l'amener à une fin pleine d'ironie qui ne manquera pas de surprendre le plus blasé des spectateurs.

Le casting comprend également Antonio Sabato, en officier pourri, et Ennio Girolami, frère d'Enzo Castallari, en officier gentil. Enzo lui-même s'est réservé un caméo en tant que garde...



TUAREG: LE GUERRIER DU DESERT aka TUAREG: THE DESERT WARRIOR aka DESERT WARRIOR aka TUAREG: IL GUERRIERO DEL DESERTO - Enzo G. Castellari, 1984, Italie

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17 mars 2007

SAHARA, Visions atomiques


Chapitre 5
Écho de l’envers

Traduit du touareg (tamajaght) par l’auteur et Hélène Claudot-Hawad


Allo allo
arghem alpha éba arghem éba.
Je vous annonce que les rayons X
viennent de dévoiler une amulette
nouée dans les plis
de la cervelle d’un homme,
homme du nom de X,
homme clandestin,
homme vagabondant dans sa cervelle,
homme errant dans toutes les zones de pénombre
de son propre moi.
Allo allo, est-ce que vous m’entendez ?
Ou bien n’ai-je plus d’ombre moi aussi
sur cette terre qui glisse et dérape avec nous ?
Oui ! béta alpha beta, vous m’entendez ?
Si oui, alors moi aussi
je ne suis plus moi,
moi qui suis au service de votre sécurité,
mais plutôt un autre, un moi à part,
un moi à l'envers…

Bon, je vais essayer de lire l’amulette
que les rayons X ont dévoilée
à l’agent Y de nos services
pour que toutes les nations du bien
puissent l'entendre,
je vais réciter, à haute voix,
l’amulette écrite à l’envers
l'amulette aux formules diaboliques
des sept vents du néant
qui disent :

– Au nom des sans ombres,
les sept vents sans ombres,
eux qui refusent toute autorité
et ne reconnaissent pas les ordres établis
en pyramide Etat poids carcan
miséricordieux sur leurs épaules.
Argham, ébjad, éhwaz, ékhtay
éklman esghaf éDad éqershat
étcha eZa édj éga,
a i o é et le a défunt.
Le monde est une pyramide
étagée en cinq blocs :
Premier bloc
où habitent le zéro et neuf lions,
Deuxième bloc
où demeurent douze combattant
Troisième bloc
abritant quatre vipères
Quatrième bloc
emmagasinant cinq détonateurs
et cinquième bloc
qui détient les cinq codes
des cinq extinctions de l'imaginaire :
a1, i2, o3, é4,
et je dessine au centre du carré
le a de l'absence
qui campe le 5.
En donnant de l'importance
seulement aux consonnes,
le cabalisme a négligé la force noire
des cinq baguettes en deçà du sens,
les voyelles
qui détournent le pouvoir
de toute autorité
Etat et pharaonnerie bétonnés.
Voici l'art de recycler
l'énergie des chutes et déchets
que la raison a exclues.
Vent rouge, vent jaune, vent roux,
vent noir, vent gris, vent rayé,
vent albinos,
les anges ont bien un sexe
et quatre vingt dix neuf pour cent
de belles femmes,
le prêtre reçoit la révélation de l'ange,
le scribe accueille la charge électrique du vautour,
les sept vents sont dans nos filets.
A présent, tressons les nerfs du cyclone .

J'ajoute la puissance du neuf
à la puissance du huit,
la puissance du huit à la puissance du sept,
la valeur du sept s'additionne à celle du six
la valeur du six à la puissance du cinq.
Et je plonge les cinq puissances
dans la puissance du quatre
et transfère la puissance du quatre
dans la puissance du trois.
Je baratte la puissance du trois
dans la puissance du deux
et les deux puissances dans le Un.
Alors je verse la puissance du un
dans l’impuissance
et je transvase l’impuissance
de trois éclairs atomiques
dans la planche de mon thorax,
et je crie la puissance du nombre renversé
glissant et fuyant toutes les pesanteurs
des valeurs du monde établi
et par le timbre sourd
du cinquième cri de combat,
hors des tripes de la terre,
j’arrache la destruction
des six derniers tonnerres atomiques
que le mont Ahaggar a noués
dans les boyaux de l’ombre
fantôme du Touareg,
ombre à quatre pattes
sous les ténèbres de son pays culbuté
qui lui aussi rampe
sur les vertèbres de son dos.

Impuissance des trois tonnerres
à laquelle se rajoutent les destructions
des six tonnerres qui ont semé
à coup de mépris
les neuf fardeaux atomiques
en direction de l’astre
à la puissance neuf
et neuf jusqu’à l’infini neuf,
neuf bras et branches de haine
puissance de neuf milliards
voyage de la lumière errante
pondant sans cesse neuf soleils,
qui chacun explose à tout instant
de neuf milliards de cosmos soleils
de nouveau épanchant leurs menstrues
jets d'arcs-en-ciel
des neuf voies lactées
qui crachent d’autres ouragans fous
d’étincelles…

Je dévie,
je dévie toutes les puissances des neuf chaos
et à hauteur des sept forces terrestres
rajoutées aux grimaces des sept fronts célestes,
je détourne,
je détourne tous les aimants
des voies et des autoroutes
de satellites voitures avions et trains
fibres et réseaux ferroviaires et électroniques
des terres, des airs, de l’imaginaire et des océans.

Ne craignez pas la métamorphose,
déjà nous sommes neuf milliards de fusées,
neuf milliards d’insectes
soleils en révolte
s’affranchissant des cervelles d'ordinateurs,
libérés de leurs lanceurs,
pour un élan de fronde tourbillonnant
danses révoltes marches rejoignant les vertiges
courses de météorites cabalistiques
du détournement des sens,
des ordres et des règles.


Geste du scribe

Ewa égale six,
alpha égale un,
eha égale cinq.
Ceci est la formule
de la bombe à retardement
de nos regards,
nos regards ponceurs de vos soleils.
Et déjà les fronts de vos satellites sont scalpés
et cent champignons du tartre de notre salive
continuent leur œuvre
dans la cervelle et les moelles nues
de vos espions et de vos ordinateurs…
Le vieux vautour,
gardien des campements abandonnés,
ne disait-il pas :
– Attachez la terre à la cheville du vent,
liez la terre par le fouet de vos langues,
liez le serpent terre,
et mettez l’unité du cinq
dans l’angle gauche du triangle
et le chiffre un dans l’angle droit.
Et sur la tête de votre triangle,
logez encore un cinq
et ensuite, renversez la pyramide des pharaons
sur le souple triangle, trépied nomade
et entourez le double triangle
par le nom des hommes de sept,
hommes de sept, piliers des ténèbres
et l'être humain jaillira des ténèbres,
Homme, porteur de l’univers.
Des ténèbres, surgira l’homme taureau,
taureau homme
qui n’a nul besoin
de la planche de l’espace
ni d’un faux ruban du temps,
l'homme taureau indomptable,
homme rebelle taureau,
Homme jailli du cosmos
homme fauve
se portant lui-même
et l'autre face du monde.

Renforcez l’homme rebelle
par le sexe de Satan,
et naîtra le démon de la passion
de vos insurrections.
Le six de la gauche
versé dans le un de la droite
égale sept.
Et sept fois le cinq de la tête du triangle
égale trente cinq.
Et trente cinq fois trois
égale cent cinq.
Alors, en soustrayant les deux zéro du cent,
vous trouverez le Un,
et un auquel s’ajoute cinq fait six.
Six axes et au centre dressez le un
de leur silhouette debout.
Un au centre de vos six pôles d'orientation
égale sept,
voilà le Sept, l’homme,
l'homme dressé,
l'homme formé de deux triangles,
l'un tête en bas rencontrant
l'autre, tête en haut.
Et maintenant soufflez sur le vent,
et tomberont dans le vent
les coques poids pyramides
de vos pharaons.
A présent le vent, la terre et le temps
sont entre vos mains.
Buvez le mirage et le soleil.
Qu’attend la révolution ?
Buvez la lie de vos nuits,
déjà vous êtes affranchis,
déjà vous marchez et êtes libérés,
vous marchez au-delà de l’état d’homme
vers la nature du vent.

Rouille du cinq
sur venin du sept
égale douze.
Trente jours frissonnant sous la fureur
de quatre triangles, sceau carré
socle de l’alchimie des mirages,
urine de soleil noir,
encre sperme de scorpion en rut,
redressez-vous,
nous avons métamorphosé la fortune
des nouveaux Crésus et des tyrans
en tornades de sauterelles dévastatrices
fondant sur le lard des coffres-forts.

Charançons,
pâturez dans les casques et les blockhaus,
mangez-les,
la conscience de leur diadème d’argent s’effiloche,
leur monde est devenu un vieux mouton
traînant le postérieur
vers le sillage de vos rêves.
Détournez leur vent sans atermoiement,
égarez-les sur votre terre.
Les lichens déjà rongent
le phallus de leur haine
sous vos sabots.
Emoussez leurs cils,
il ne reste plus sous leurs paupières
la moindre étincelle
hormis les cendres de leurs rêves.

HAWAD

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14 mars 2007

Notre écriture















Notre écriture à nous,
est une écriture de nomades
parce qu'elle est tout en bâtons
qui sont les jambes de tous les troupeaux.
Jambes d'hommes, jambes de méhara,
de zébus, de gazelles,
tout ce qui parcourt le désert.
Et puis les croix disent si tu vas à droite ou à gauche.
Et les points, tu vois il y a beaucoup de points.
Ce sont les étoiles pour nous conduire la nuit,
parce que nous, les Sahariens,
nous ne connaissons que la route,
la route qui a pour guide, tour à tour
le soleil et puis les étoiles.
Et nous partons de notre coeur,
et nous tournons autour de lui
en cercles de plus en plus grands,
pour enlacer les autres coeurs
dans un cercle de vie, comme l'horizon
autour de ton troupeau et de toi-même.

DASSINE ( Poetesse targuie )

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Savez vous que le ver à soie a l’odeur du mûrier dont il vit ?
Que le caméléon adore se dorer au soleil ?
Que les soirs d’Afrique sont les plus noirs qui existent ?
Connaissez vous le vol de l’aigle au dessus des dunes ?
La saveur d’une gorgée d’eau au soleil du désert ?
Le goût du miel sur un beignet bien chaud ?
La symbolique de l’indigo et du khôl pour la femme musulmane ?
Savez vous qu’au plus profond du désert les chacals ne peuvent vivre ?
La brûlure de la soif au lent balancement d’un chameau ?
Connaissez vous le regard d’un Kel Tamacheq ?
La valeur du sel au pays de la soif ?
La douceur du pain cuit sous la braise ?
Savez vous que sur Mars il existe un désert du nom de Sinaï ?

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11 mars 2007
























‘Aman Iman’ – Textes / Français

MANO DAYAK (5’41”)

Textes et musique: Abdallah Ag Alhousseyni

Un hommage à Mano Dayak, le grand leader d’opinion Touarègue du Niger qui s’est tué en avion en 1995. Il a écrit de nombreux ouvrages sur la culture et la politique, il a été le guide de Thierry Sabine pendant les rallyes annuels du Paris-Dakar.

Intro

nak ibda outénéré izayan tamadalt
Moi autrefois j’étais habitant du desert habitué aux tempêtes de sable

izayagh ikaly daw ana d-tadjart
Je suis habité au repos à l’ombre des arbustes Ana et Tadjart

war izeyagh ichkan awadhnen tafaraout
Je n’ai jamais connu assez d’arbres pour constituer une forêt

AKALIN TAMESNA MALAT TAZARAT
Ma terre est le Tamesna* dans sa blanche nudité inhabitée

WAR DISS TADIN TASS WAR DISS TADIN TARHAT
Elle ne peut être pâturages pour vaches et chèvres

AKAL IN-TALAMT SALALAT TAWARAYT
C’est une Terre pour la chamelle suivie de son chamelon


1er couplet / Refrain

TÉNÉRÉ DEN N-AFALA Ye BOUSS
Ce desert qui est au nord de Bouss**

TÉNÉRÉ RHASS MALET TAKISS
Un Desert qui est absolument blanc et nu

WARHEN ICHKAN WALA SEKOUSS
Sans arbres ni secousses

SASTATADJAN MEDAN TAKOUSS
Il est toujours chaud quand les hommes le traversent


Refrain


2eme couplet

IKET NANHEY AHIDJARZAN
C'est maintenant que je vois ce qui me réjouit:

WO’TAMASHEK RHASS IDARAN
Un Touareg juste vivant

HARSEWAL DERH JIHAZTEN
Pour exprimer sa vision grace au téléphone

WARNEN AHSHEK IKLA DAOUSSAN
Sur l’arbre sous lequel il se repose

RATEK TABSIT ETAN WOHAZEN
La fleur tombe autour d’eux

MANO DAYAK ATI TADJAN
Tout cela c’est Mano Dayak qui l’a fait


Refrain


* Une vaste région aride entre le Mali et le Niger
**Une montagne qui se trouve à la frontière nigerienne

Morceau de TINARIWEN en hommage à Mano Dayak ( Nouvel album Aman Iman )

Photo: Croix de Mano Dayak

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Je suis né avec du sable dans les yeux (Mano Dayak).















(p.16)
Mano, me répétait ma mère, la mort est la plus près de la paupière que l’oeil et la plus grande richesse peut être une larme. Ton avenir sera celui que tu maîtriseras... On ne peut rien y faire et il faut accepter. Bientôt, tu seras un homme.

(p.40)
Il ne faut pas penser à ceux qui ont disparu. L’amour, c’est pendant la vie qu’il se donne. A la tombe, on ne peut apporter que des pierres et du gravier.

(p.46)
Le désert ne s’apprend pas, brave homme. Il se vit... Il se vit et il tue ceux qui ne le respectent pas.

(p.47)
Un donneur de leçons est quelqu’un qui veut refaire les choses. Les choses ne se refont jamais.

(p.48)
L’amour, le vrai, doir rester un mystère.
Mano, c’est dans l’éloignement que mon coeur tendra le plus vers toi.

(p.55)
Le Sahara exalte les mérites et aggrave les vices. Y voyagent seulement les chercheurs de lumière. Cette fleur avait trouvé ici son épanouissement et toi, tu l’as tuée. Repens-toi, mon fils, de l’avoir ramassée. Tu as volée un parfum au désert.

(p.57)
Les Touaregs ne doivent pas être dupes des mirages me dit alors mon père. Sur une terre où tout est à gagner, l’illusion n’a pas sa place. Seule compte la pensée lucide car elle exige l’oubli de soi et la prudence.

(p.62)
Mano, plus que des Européens, méfie-toi de leurs livres ! Si tu veux rester un homme libre, ne les ouvre jamais.

(p.67)
Nu il est entré dans ta vie et nu il en est sorti. C’est le plus grand cadeau qu’un jour, tu feras à Allah.
Ne t’accroche pas à ce qui a été, à ce qui sera peut-être. Ce genre de questions t’empêche de vivre l’instant présent et, par là-même, de voir dans cet insecte un message du ciel.

(p.73)
Les Touaregs n’aiment pas compter. Compter c’est épargner, tromper, valoriser, juger. C’est exalter les fausses valeurs.

(p.112)
Un touareg ne montre pas ses larmes. La plus terrible des souffrances, celle que l’on vit dans sa solitude pour l’honneur et par dignité...

(p.127)
Pour nous tenir éveillés, nous buvons des verres et des verres de thé. "Le premier amer comme la vie, le deuxième fort comme l’amour, le troisième suave comme la mort", dit le proverbe.

(p.161)
Tous les prétextes me sont bons pour me lier aux gens. Je connais le marchand de journaux de la rue de Rennes, la fleuriste au coin de la rue Pierre-Charron, le bougnat de la rue Saint-Louis-en-l’Ile, le clochard du quai de la Rapée. Ceux-là, oui acceptent d’échanger quelques mots à la hâte : "Fais pas chaud aujourd’hui", "Les temps sont durs, monsieur", "vous prendrez bien quelque chose ?". Ce ne sont pas de grandes conversations, mais au moins on existe entre nous. Les autres, ceux qu’on croise dans les gares, dans les squares, sur les grands boulevards ou sur les Champs-Elysées, se dérobent, fuient toute discussion. Ils n’ont jamais le temps. Ils n’ont que du mépris et de l’indifférence. Ils ne savent pas que le véritable bonheur est de rencontrer une autre vie et de la serrer dans ses bras. Leur désert me fait peur. Il faut dire qu’ils n’ont pas de repères. Les étoiles brillent si rarement dans le ciel de Paris. Ils sont sourds et aveugles.

(p.200)
Mais rien ni personne ne vient à bout de ceux qui défendent une cause juste.

(p.215)
Je pensais à nouveau qu’un homme ne peut s’épanouir dans une peau culturelle qui ne serait pas la sienne et qu’on chercherait à lui imposer. Que c’est de la différence que naissent la richesse et la force.

(p.232)
Le désert ne se raconte pas. Il se vit. A l’image de la terre qu’il habite, le Touareg a su se faire humble pour survivre mais aussi austère et fort pour se défendre.

(p.235)
Qu’est-ce qu’un homme peut désirer de plus lorsqu’il a le privilège de s’endormir chaque soir sous un ciel protecteur, un ciel semé de plusieurs millions d’étoiles qui se sont allumées pour illuminer ses rêves ? Le désert semble éternel à celui qui l’habite et il offre cette éternité à l’homme qui saura s’y attacher.

Extraits du livre de Mano Dayak " Je suis né avec du sable dans les yeux " (Ed. Fixot)

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10 mars 2007

Mano Dayak


15 décembre 1995 au Niger, Bordure du Ténéré, à proximité du puits de Tézirzek.
Un petit avion (un Cessna 337 à ce qu'on dit) décolle en plein désert. A bord: le pilote nigérien, un journaliste français et trois chefs Touareg dont Mano Ag Dayak, le leader de la CRA (Coordination de la Résistance Armée), un des organes de la rébellion targuie. Celle-ci aurait débuté en mai 1990, par "l’incident" de Tchi-n-Tabaraden, où un groupe de jeunes Touareg tenta de libérer des amis emprisonnés. L’action tourna mal et fut suivie d’une vigoureuse répression...Le doigt dans l’engrenage!

Mano Dayak est né en 1949 dans la vallée de Tidene, au nord d'Agadez et appartient à la tribu des Ifoghas, originaire du Mali voisin. A l'âge de 10 ans, il suit avec réticence les cours de l'école française nomade d'Azzel, forcé par l'administration française. Mais il prend goût aux études et continue sa scolarité au collège d'Agadez avant de partir travailler à Niamey. A 20 ans, il part aux Etats-Unis où il poursuit ses études (bac et études supérieures) entre New York et Indianapolis, tout en travaillant. En 1973, il part à Paris, et s’inscrit dans la section de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes Technologiques en Anthropologie culturelle et sociale du monde berbère.
De retour au Niger, il devient guide dans le désert, salarié d'une agence de voyages française. Puis il fonde sa propre agence de tourisme Temet Voyages, qui devient la plus importante d'Agadez. Il a ainsi contribué efficacement à l'essor du tourisme dans la région. Il a également participé à l'organisation du rallye Paris-Dakar, devenant proche de Thierry Sabine et à l'organisation de films tels que "Un thé au Sahara" de Bernardo Bertolucci.
En tant que leader de la CRA (Coordination de la Résistance Armée), il devient l'un des principaux chefs de la rébellion touarègue des années 1990, au même titre que Rhissa ag Boula du FLAA (Front de Libération de l'Aïr et de l'Azawak) et Mohamed Anako de l'UFRA (Union des Forces de la Résistance Armée).
Ce 15 décembre 1995, Mano Dayak doit rencontrer le chef de l’Etat nigérien afin de discuter des moyens de rétablir la paix. L’avion est affrété par un chargé de mission du gouvernement français. Juste après son décollage, il s’écrase en plein désert et tous ses passagers sont tués… On ne saura jamais s’il s’agissait d’un accident ou d’un attentat.

Cet accident tragique a contribué à forger sa légende, et il est aujourd'hui connu comme celui qui a rappelé au monde l'existence et la souffrance du peuple touareg. Son charisme lui a valu l'amitié et l'admiration de nombreuses personnalités telles que Bernardo Bertolucci, Jean-Marc Durou.
Mano Ag Dayak est l’auteur de deux livres : "Je suis né avec du sable dans les yeux" (Ed. Fixot) et "Touareg, la tragédie" (Ed. Lattès)

En 1996, un artisan touareg nommé Assaghid a créé en son honneur un bijou sur le modèle des croix des tribus du Niger, bijou qui reste le symbole de la rébellion.
L'aéroport d'Agadez s'appelle aujourd'hui "l'aéroport international Mano Dayak".
Dans leur dernier album intitulé Aman Iman, Tinariwen lui rend hommage dans une chanson portant son nom.
Mano Dayak : un touareg prince du Désert
Un film réalisé par Howard Reil retrace une chronologie des évènements qui ont marqué le mouvement touareg au Niger à travers l'itinéraire de Mano Dayak

Que la terre lui soit légère...

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7 mars 2007

Le mirage du Touareg















Combien de temps encor jusqu'à ma renaissance?
Du chemin de l'oubli, je trace le contour!
Ermite réprouvé, d'impossible retour,
J'avance en combattant l'atroce sénescence.

Captivé par les feux d'une luminescence,
Orphelin du désert, et dépourvu d'atour,
Serais-je un Touareg à l'âme sans détour,
Qui s'éprend d'un mirage et d'une évanescence?

Le doute qui m'assaille est mon crime commis :
Il m'interdit l'accès au territoire omis,
Si loin dans ma mémoire aux souvenirs de brume.

Un éclair quelquefois, crève cette moiteur;
Enfin mon cœur qui bat, fait éclater sa grume :
Il est donc bien réel, le pays enchanteur!

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L'exil

"...Qu'il est loin derrière moi le jour de mon départ,
Le noir matin où j'ai quitté la maison,
Mon père, ma mère, mes frères et mes amis
Et celle que j'aimais et qui ne m'aimait pas..."

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6 mars 2007

Tartit "Yehena"

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Que faites-vous de la mesentente?




Ma tadjem yenmiksan
Saghrem-t ye araten
Alghalem todjawen
Tetera hawen

War toléhem d’ikoufar
War toléhem d’araben
Tomalem-ya s-touwsaten
Tiditt tendarawen

Wala d-assoka Yallah
Waliyen - ya adahar
Ed amidiness tafflist
s-wadegh a-teghdar

Ténéré den hin toyem
Tozzar ghariwen
Dagh-hin toyem
Imgharen, dèdhen d’araten

A quoi bon la mésentente
Et l’apprendre aux enfants
Le monde vous est témoin
De ce mal qu’il vous souhaite

Vous ne ressemblez pas aux occidentaux
Vous ne ressemblez pas aux arabes
Sachez que les tribus vous divisent
Que la vérité vous échappe

Quelque soit le destin
Aucun ne peut partager
La confiance d’un ami
Sans jamais la trahir

Voila le désert que vous avez quitté
Il souffre et vous interpelle
Dans lequel vous avez abandonné
Vieillards, femmes et enfants.


Tinariwen ( Aman Iman )

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3 mars 2007

L'embuscade ( extrait )

















Les airs et les sables
s'enduisent d'huile de coco
gélatine graisse fondue
haut-le-coeur
pour amadouer
les rayons du soleil.

Ô monde,
jusqu'à combien de rives,
âmes et corps
sens-tu le pet global
du tourisme ?

Là-bas comme ici
je vois la veuve Temoust,
Temoust la Touarègue,
elle dont la crevasse des yeux
ou la rocaille des pieds nus
sont nourris
des griffes du sirocco
et des dards du soleil.
L'ocre mat de l'épiderme
de ses enfants l'a cuirassée
pour affronter les scies et les faux
de ses tortionnaires.

Griffes du sirocco,
brasiers du soleil
sur les dards du sable,
rabots de basalte,
gueule d'un canon
bouchant l'horizon
pour coaguler le rêve
comme un obus coincé
entre le diaphragme et la luette.
Tous les outils et toutes les semences
de cette vie de grossiers faux-semblants
ont taillé le visage de Temoust.

Et toi, tu veux encore rêver ?

Armés de scies électroniques
et de poignards laser,
ils sont revenus
dans le sillage de leurs crimes.
D'une seule voix,
ils ont hurlé :
- "A la racine de la luette,
il faut couper toutes les langues harpons,
de celle du poète à celle de la chèvre
et du gecko de leurs ravins.

Et au-dessus du col,
gecko, chèvre
et râle du choucas
perpétuent les résonances
des cordes vocales rompues.
Fouets de tornade,
les nerfs de la langue continuent
à percuter le silence.
L'écho aux accents de silex amorce
le borborygme des galets.

Ô terre complainte de barbare
à la langue tranchée.
Ô langue des salives de Satan,
mijotée dans la vapeur du palais
aux timbres de piment.

Au pays des cris de la pénombre,
pays du génie qui appelle à la montagne,
nous tous comme les rocailles de nos plateaux,
nous grommelons et griffonnons
à l'oreille de la pierre
un mélange de sons et de signes
fourchus et branchus
comme les griffes des vautours,
nos ancêtres
qui nous mangent la langue.

Et nous parlons
avec des langues remuantes
tels les sabots des chèvres de nos mères
que nous trayons dans les chambres d'échos
de nos bouches.
Nos bouches emplies de lames de verre
et de mots munitions
des révoltes à venir.

Et à minuit quand la lune
n'est plus penchée sur la margelle,
miroir ouverture d'un puits tari,
par nos moignons de langues
nous jappons,
fracas de poésie aiguisée
comme la crête du silex.

Lame de verre
et sa lime de mots
balles braquées
à bout portant sur les tempes,
poésie silex crête affûtée
des voix se croisant et s'entrecroisant ,
et encore un nouveau heurt,
voix sourde de l'entre deux chocs
comme la météorite du cœur percutant
la pierre de la détermination.

Au pays des langues fendues,
pays à la parole
qui va droit
vers l'axe noir,
virage rapide
et soudain demi tour,
et la flèche revient
à l'arc de la langue.
Flèche et arc repartent
en un seul tir foudre
en quête d'un butoir,
cible niant
sa déflagration.

Soixante-dix ombres tombent
en vomissant leurs entrailles
et un homme court à leur secours
et mord sa langue,
renversé dans le tourbillon d'une rafale
et droit il se redresse,
les reins en fumée.
Il avale sa langue,
un caillot de sang
et d'un coup il part
vers le cap du non retour.

A l'autre bord du malheur,
sa femme rumine son placenta.
Son fils est fauché de son ventre
par le tonnerre de l'obus,
le ligotant au cordon ombilical
qui le relie jusqu'ici
aux entrailles de sa mère,
mère prise dans l'art révolte
de recycler la mort
en butin,
arme pillée à l'ennemi.

Ceci est la jolie face
du bas du pays
aux langues fourchues.
Quant à ses hauteurs,
c'est un autre cliché.

Horizon et ciel à l'infini
de la teinture laide
de l'azur
et toujours le noir du choucas
et son double, la tâche grisâtre
du vautour
qui ponctue l'absolue stridence,
notre silence.
Tout un pays de paix
écologique et hygiénique
avec son paradis minéral,
n'est-ce pas touriste ?

Va-t-en rapace
Ici, rien à visiter ni à raconter
Tout est nettoyé,
ethniquement correct.
Ouste ! journaliste.
Tout est propre et technologique.
Les corps sont découpés et brûlés,
les cadavres sont en cendres,
avec la coopération des Nations unies.

Désert basalte
pierraille avalanche
lave de nos crânes
et rocaille
grincement des os
ricochant sur les balles.

Vers la décharge,
les camions ont tout pelleté,
même le vent,
et depuis avant-hier
des fumées âpres,
sueurs de l'homme,
dessinent sur le poitrail du firmament
d'énormes navires remplis de scories
au regard de pierre ponce,
traversés par le cuivre d'une roquette .

Navires de fumée
chargés du marc de l'alphabet,
nos ombres,
ombres présence de l'absence
de nos corps
face à la peste silence,
la gale complice
qui suce notre existence
jusqu'à la moelle.

Nous sommes les fourmis
ombres divagantes d'une gangrène
qui se nourrit du vagabondage
de ses molaires.

Maintenant sur mon épaule
la nuit défèque le jour,
et je vais percer
les testicules enflés
du hibou blême,
l'hypocrisie.

HAWAD « Buveurs de braises >>, Ed. MEET, 1995.

Suite...

 

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