31 déc. 2007

Nouveau combat pour les Touaregs

« Mon fusil est alors devenu une guitare ! »

« La musique est l’arme du futur ! » Le slogan du Nigérian Fela n’a jamais autant été d’actualité. Trois disques, mettant en vedette trois ex-rebelles touaregs ayant troqué leurs kalachnikovs pour des guitares, en fournissent la preuve. Au début des années 1990, leurs auteurs participaient à la lutte autonomiste des Touaregs contre les gouvernements malien et nigérien.

Tinariwen est un groupe né durant les années 1980 dans les camps d’entraînement du colonnel Mouammar Khadafi. Ses membres y apprennent à jouer avec des guitares électriques, bricolées à partir de bidons... « Notre objectif était simple : nous libérer. Pour cela, il fallait nous former culturellement et nous équiper. La musique servait à transmettre un message pour sensibiliser l’opinion touarègue. » A leur tête, le charismatique Ibrahim Ag Alhabib, né à Kidal, dans le nord du Mali, marqué à vie par la répression de 1963 dans l’Adrar des Ifoghas : « Le feu brûle depuis trop longtemps / Dans notre sommeil perdu / Pour les animaux brûlés et tous les vieux tués / Aux portes de Kidal il faut se rassembler / Et se battre / Si forts que vous soyez / Vous brûlerez dans votre feu. »
Tinariwen est devenu le porte-parole de toute une génération, celle des ishumars, altération du mot « chômeurs » en berbère, qui désigne ces jeunes poussés par les grandes sécheresses à abandonner les zones de pâturage ancestrales pour chercher du travail dans les villes algériennes. Ils formeront le gros des bataillons qui prendront les armes en 1990. Puis viendra la paix, en 1992 à Bamako, en 1995 à Niamey.

C’est à cette époque que Tinariwen enregistre une cassette à Abidjan. « Le début de notre carrière d’artistes. Les accords signés, il était temps de se réinsérer. » Quinze ans et trois disques plus tard, les Tinariwen séduisent le monde entier, avec leur mélange détonant qui n’est pas sans évoquer un blues rauque et rural. Si les anciens rebelles ont déposé les armes à feu, il n’ont rien oublié : « Notre message révolutionnaire est clair : l’amélioration des conditions de vie, la santé pour tous, l’accès à l’éducation et à l’information pour que le peuple se sensibilise aux enjeux du monde, à commencer par le danger de la perte des repères dans un monde de globalisation. » Leur nouvel album s’intitule Aman Iman, que l’on peut traduire par « L’eau, c’est la vie » (1).

Toumast, « le peuple » en tamacheq, est un autre groupe emmené par Moussa Ag Keyna, né en 1972 dans un campement, « quelque part entre le Niger et le Mali », lui aussi enrôlé par la Libye en 1987. Gravement blessé en 1993, le jeune homme est soigné en France, où il choisit de devenir musicien. « Mon fusil est alors devenu une guitare ! Elle touche plus juste. » Onze ans plus tard, il sort un album intitulé Ishumar (2), « parce que le problème économique demeure entier ». Et d’ajouter, lucide : « Ceux qui ont signé la paix ne doivent pas oublier leurs promesses. Mon peuple attend toujours que le désert fleurisse ! »

Quant à l’album Desert Rebel (3), il réunit des musiciens de la scène « alternative » française autour d’Abdallah Oumbadougou, compagnon de route de Tinariwen et « grand oublié depuis les accords de paix », selon Farid Merabet, coproducteur de ce cédérom étiqueté « équitable ». Le musicien, « digne cousin de Farka Touré », semblait attendre cette collaboration. « A travers l’histoire d’Abdallah, il s’agit de remonter le fil de cette histoire, explique Merabet, sans oublier les zones plus sombres, comme les razzias que menaient au sud les Touaregs, ni omettre de dresser un état des lieux de la situation actuelle. Loin d’être résolu, le problème touareg se couple à celui des problèmes climatiques que ce peuple subit de plein fouet. »

Jacques Denis
Journaliste.

(1) Tinariwen, Aman Iman, Emma-AZ-Universal, 2007, 15 euros.

(2) Toumast, Ishumar, Kraked - Village Vert - Wagram, 2006, 19 euros.

(3) Desert Rebel, Culture & Résistance - L’Autre Distribution, 2006, 15 euros.


Le Monde diplomatique. Édition imprimée — mars 2007 — Page 30

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30 déc. 2007

Des rebelles touaregs relâchent 16 militaires maliens

BAMAKO (Reuters) - Des rebelles touaregs ont relâché samedi 16 soldats maliens qu'ils retenaient en otages depuis des mois dans le Sahara, mais ils retiennent encore 19 de leurs camarades, a déclaré un représentant du gouvernement dans le nord du pays.

On s'attendait à la libération d'au moins une partie des captifs à la suite d'une intervention de l'Algérie.


Les soldats ont été remis à des représentants du gouvernement à Tin-Zaouatene, à la frontière nord-est du Mali avec l'Algérie, a dit à Reuters Jean-Pierre Tita, chef de la mission culturelle du gouvernement à Kidal.

Gamer Dicko, version française Nicole Dupont

Source:Le Monde

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FESTIVAL AU DESERT - Edition 2008

TOMBOUCTOU - ESSAKANE
10, 11 et 12 Janvier 2008


Trois jours durant lesquels une trentaine de formations sont invitées des quatre coins du Monde à venir présenter leur art.

Ce festival se greffe sur de grandes fêtes traditionnelles touaregs telles que Takoubelt à Kidal et Temakannit à Tombouctou, qui constituèrent longtemps un lieu de concertations et d'échanges entre les communautés.

A l'origine on y voyait les différentes formes de chants et danses touaregs, de la poésie, des courses de chameaux, des jeux. Aujourd'hui le Festival s'ouvre vers l'extérieur et accueille des artistes venus d'autres régions du Mali, d'Afrique mais aussi d'Europe et du reste du monde.

Pour plus d'infos Voir le cite officiel

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27 déc. 2007

Nord du Mali: 10 otages seront libérés vendredi















Dix otages sur 36 retenus depuis fin août dans le nord du Mali par le groupe armé du chef rebelle touareg Ibrahim Ag Bahanga seront libérés vendredi, ont annoncé jeudi à l'AFP des responsables d'un comité officiel.

"Dix des 36 otages maliens seront rendus vendredi par l'Algérie au cours d'une cérémonie officielle à Tinzaoutène", dans la région de Kidal (nord-est) près de la frontière algérienne, a déclaré un officiel malien, membre du comité de suivi des accords signés en juillet 2006 à Alger par le gouvernement de Bamako et la rébellion touareg.



Dans la délégation officielle algérienne, figurera l'ambassadeur d'Algérie à Bamako, selon ce responsable, qui a requis l'anonymat.

Ces informations ont été confirmées à l'AFP par des responsables algérien et touareg, également membres du comité de suivi des accords d'Alger. Le comité regroupe des représentants des gouvernements malien et algérien ainsi que d'anciens rebelles touareg maliens.

"La libération des autres otages interviendra prochainement, grâce à une médiation libyenne", a par ailleurs affirmé le responsable malien du comité.

Le chef rebelle touareg Ibrahim Ag Bahanga s'est rendu récemment en Libye où il a été reçu par des officiels de ce pays, a-t-il ajouté, sans donner de détails.

Dans un communiqué publié mercredi soir, la présidence malienne avait annoncé qu'"un accord a été obtenu" pour la libération de "militaires enlevés dans le nord-est de Kidal et retenus en otages" par Ibrahim Ag Bahanga, en rupture de ban avec l'armée.

Source: Le Monde

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26 déc. 2007

Chicago soul legend Staples tops year's best music




Les 10 meilleurs albums de l' année 2007 selon CHICAGO TRIBUNE.
AMAN IMAN de TINARIWEN en dixieme place.

Chicago soul legend Staples tops year's best music

By Greg Kot | Tribune music critic
December 16, 2007


One of the toughest parts of any music critic's job each year is narrowing down a list of favorite albums to a manageable two-digit number.

This year, my best-of list easily could've been three times as long. But I'll settle for listing the 20 albums that brought me the greatest pleasure in 2007
1...
....
10. Tinariwen: "Aman Iman" (World Village)

Space-rock album of the year, from the deserts of northeastern Mali. Voices longing for home and trance-inducing guitars weave fractured lines through hypnotic dance rhythms.

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16 déc. 2007

DECLARATION DU COMITE D'ORGANISATION POUR LA CONFERENCE SUR LA QUESTION TOUAREGUE















En 1885, les puissances coloniales décident de partager l'Afrique selon des frontières correspondant à leurs territoires d'influence. « Le pays touareg» est alors réparti entre cinq Etats (Libye, Algérie, Niger, Mali et Burkina Faso) en dépit de la demande faite par les notables touaregs de restitution de leur «pays ». Cette répartition a eu pour première conséquence le démembrement du peuple Touareg, le réduisant à une minorité, en marge géographique et politique de chacun de ces Etats.

Les différentes révoltes et le refus idéologique des Touaregs de scolariser leurs enfants ont eu notamment pour conséquences d'accentuer leur marginalisation face à l'émergence du monde dit «moderne et développé».

Nomades ou sédentaires, les Touaregs, difficilement contrôlables, dérangent les Etats issus de la colonisation. Ceux-ci tentent de modifier un mode de vie selon eux peu compatible avec les règles d'une économie capitaliste. Aujourd'hui, l'exploitation de l'uranium sur les terres pastorales, sans consultation des habitants et basé sur le profit rapide se fait au détriment de l'humain et de l'environnement.

Les périodes de sècheresse des années 70 à 80 déciment une grande partie du cheptel. Dans les années 90, avec le constat d'une décroissance démographique régulière, une partie de l'élite Touarègue écartée de la gestion de sa région, prend les armes. Cette rébellion, qui durera cinq ans, se soldera par des accords de paix.

En février 2007, face à une:fin de non recevoir en provenance du Pouvoir central de Niamey pour obtenir l'application intégrale des accords de paix, de nombreux Touaregs, qui réclamaient, notamment, l'application de ces accords de paix, se regroupent au sein d'un nouveau mouvement de résistance: Mouvemen~ des Nigériens pour la Justice (MNJ). Ce mouvement, à majorité touarègue, comprend d'autres Nigériens et groupes ethniques différents, se reconnaissant dans les revendications touarègues.

Depuis cette date, des actes de violence ont causé la mort de populations civiles vivant au nord du pays. Cette région, mise sous «état d'urgence» par les autorités, est le théâtre d'exactions de toutes sortes perpétrées par les Forces Armées Nigériennes, exclusivement en direction de la population touarègue: destruction de bétail, exécutions sommaires, pose de mines, déplacements de populations, arrestations et détention arbitraires, presse muselée. De plus, des témoignages directs font état de graves menaces de viol sur les femmes touarègues, procédé habituel pour faire disparaître une ethnie.

Par ailleurs, les populations touarègues du Mali subissent également des injustices contre lesquelles un mouvement rebelle s'est également dressé.

Réunis à Paris le 08 décembre 2007 pour évoquer et débattre de la situation dans le pays touarègue et réfléchir sur l'avenir de la région, les organisations des Droits de l'Homme, les associations humanitaires, les représentants de la diaspora touarègue parmi lesquels de nombreux intellectuels, les sympathisants de la cause touarègue, signataires de cette déclaration dénoncent:
- les Etats Nigérien et Malien pour leur non respect des accords de paix signés;
- tout particulièrement l'Etat Nigérien pour les exactions qu'il commet sur les populations civiles du Nord Niger;
- la complicité de la communauté internationale, notamment celle de la France, des Etats-Unis et de la Chine devant leur silence face au drame que vivent les populations civiles victimes du conflit ;
- la politique de non contrôle d'Areva sur les impacts néfastes au regard de l'environnement de l'exploitation de leur mine d'ArUt et des conditions de travail des employés;
- l'exclusion des cadres touaregs de l'administration locale et régionale
- l'expropriation foncière et les conditions de l'occupation de l'espace pastoral par les multinationales
- La non équité dans le recrutement dans l'armée et dans l'attribution des bourses aux étudiants.

Ces signataires demandent :
- la cessation immédiate des hostilités et de l'état d'urgence,
- la cessation des exactions militaires
- la nomination d'une commission d'enquête sur toutes les exactions commises par l'armée nigérienne sur les populations civiles;
- une résolution urgente et paisible du conflit par la voie du dialogue; la remise des coupables devant un tribunal indépendant;
- le respect des conventions internationales, de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, de la Convention de Genève;
- la libération des civils arrêtés arbitrairement et incarcérés ainsi que celle des journalistes et le rétablissement de la liberté de la presse;
- qu'une étude indépendante soit menée sur les conséquences de l'exploitation uranifère sur l'environnement (eau, air, sol, faune et flore), sur l'ensemble de la chaîne alimentaire, sur les habitants de la région et sur leur santé;
- l'arrêt de l'attribution de nouveaux permis d'exploitation et la restitution aux populations touarègues de leurs territoires conformément à l'article 10 de la déclaration des Nations Unies du 13 septemb1-e 2007 sur le droit des peuples autochtones;
- la nomination d'une commission locale d'étude sur les termes d'un nouveau code pastoral
- l'application des accords de paix et la négociation d'un nouvel accord ou programme en raison des enjeux économiques, fonciers et sécuritaires de la zone nord Niger,
ET EXPRIMENT LEUR SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE TOUAREG EN LUTTE POUR LE RESPECT DE SES DROITS ELEMENTAIRES.

A Paris, le 15 décembre 2007

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3 déc. 2007

MNJ

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IL FAUDRAIT QUE JE DESESPERE


















Il faudrait que je désespère
Des mes sœurs comme de mes frères
De ces opprimés consentants
A leur misère concourant
Misère de l'aliénation
Quand tout n'est que consommation
Pauvres mirages d'opulence
Pour mieux masquer la déshérence
Rogatons jetés en pâture
Pour mieux qu'on morde la sciure
Et la politique en spectacle
La frustration pour réceptacle
Ne resterait que lassitude
Pour se plonger dans l'hébétude
Et agonir tous les voisins
Pour oublier le lendemain
Faut-il renier tout le sens
Des combats de notre existence
Ne plus espérer en l'humain
Dans nos poches garder nos mains
Pour ne plus avoir à les tendre
Pour ne plus chercher à comprendre
En s'abrutissant de mépris
Pour ce qui a fondé nos vies
Mais même au cœur de la tempête
Des épis redressent la tête
Il y en a eu de plus rudes
Des grandes nuits de solitude
Où il aura fallu lutter
Pour recommencer à rêver
Pour que renaisse la lumière
Et le plaisir des matins clairs
Où le plus simple des sourires
Nous réinvente un avenir
Il y a bien trop de raisons
De révolte et de rébellions
Pour laisser la résignation
Engourdir nos indignations
Dans de funèbres oraisons
Et des amertumes sans nom
Pour ceux qui nous ont précédé
Pour ceux qui vont nous succéder
Il nous faudra ressusciter
Une nouvelle humanité

Pedro da Nobrega

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11 juin 2007

Je parcours le désert...

Alilagh ténéré malat warhene aman
Kalagh tilé net chadidjat daw ichkan
Djegh tasnit istechin, efew in fal zharhan
Alilagh toumast tikhrakat li-iwityan
Tiknat achirid tizar warla imarhan
Wartissen s-iloullou tanminak in-lallan
S-tiflist d-tarha irtaynen d-modjan
Tikurass d-bahou imidiwan n-derhan.

Je parcours le désert blanc et sans eau.
Je me repose sous les ombres vierges de ses arbres.
J’ai pour monture un 4X4 et sur mes épaules mon arme.
Je parcours mon peuple, perdu depuis des années.
Un peuple éparpillé et qui n’ai aimé de quiconque.
Ce peuple qui ne sait pas que l'union fait la noblesse
Avec la confiance, l’amour et des actes.
Car les abus et les mensonges sont des amis des rêves.


Abdallah Ag Oumbadougou

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4 juin 2007

Eternel éleveur

Tamiditin alam
Tadjid dagh i isalan
Felas naku amadhan
Itadhanan dagh akal
Dagh war tadjachan salan
As ad ikrachagh amadjar
Megh ad ighly awatay

Idiwagh ad manna
War addobegh aharodj
Har ad ishankad ad mudjar
War takma tafukt d ahudh

Tamiditin alam
Aggatagham idjachan
Dagh chinnawan
Dagh akal.
Takne dahi alaway
Aknegh dagh am azaway

Amidinin achankadh
Anharadj in arodj
War tilla h-issarmaghan
Har tedhounat shat ahadh.

Ma bien-aimée je t'en supplie!
Met moi au courant des nouvelles.
Moi je suis un éternel éleveur
Qui pâture sur des terres
Exemptes de toutes nouvelles.
Sauf quand vient un passant
Ou l'année tire à sa fin.

Je fais face à la sécheresse
Je ne peux avoir de voisins
Si ce n'est des gazelles
Et des dromadaires.
Qui sont résistants
Au soleil et au vent sec.


Ma bien-aimée je t’en supplie
Je te cherche par divination,
Parfois sur le sable,
Dans les cieux parfois.
Enracinée dans mon coeur
Je ne pense qu'à toi.

Mon compagnon un cerf
Mon voisin, le désert
Rien ne m'effraie
jusqu'à ce que disparaissent les étoiles.


Abdallah Hassan

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28 mai 2007

Quand j'ai dépassé Akakous!














Quand j’ai dépassé Akakous*
En direction de Tassili*,
J’ai regardé le mont Bous*
Où résident mes frères.
Il y faisait chaud.

J’ai interrogé le désert
Où demeurent mes frères.
Le désert m’a dit
Seul compte le retour
A l’attente de mes frères.

Le désert m’a dit
Qu’il ne veut rien d’autre
Que l’unité des frères
Je vous demande
De vous hisser noblement.
Nous allons libérer le désert
En allant jusqu’aux villes,
Sans laisser les montagnes
Et jusqu’au moindre vallon.
Alors la révolution deviendra
Un rapiéçage pour tout le désert.


Abdallah Ag Oumbadougou (Leader du groupe Desert Rebel)
Aïr, 1993


Traduction de Hélène CLAUDOT-HAWAD et HAWAD tirée de Tourne-tête, le pays déchiqueté: Anthologie des chants et poèmes touaregs de résistance 1980-1995, Editions Amara, 1996.
--------------------------------------
Akakous: massif montagneux qui se trouve entre Awbari (region de la Libye) et la frontière algerienne.
Tassili: Massif montagneux algerien, région de Tassili n'Ajjer (Djanet).
Bous: Montagne de l'Aïr.

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23 mai 2007

Le miraculé












En 1963, un campement touareg aurait été rasé par l’armée malienne, le seul survivant était un petit garçon qui était agrippé au sein de sa maman morte. Les combattants qui passaient par là le récupèrent et lui donnent le nom de Talimezt(le miraculé, la chance).



Aïtma ed inkar
Tamatante fal indja
War n’illa tazolli
Nimaghas dagh chindja

Anhadja s’awen dagh
Illa mik fal idja
Inhayagh talaqé
Tamoutet fal egha

Allyadh indharen
S’iked dagh fal iwa
Aboyas Talimezt
Ikla achal war iswa

Marantid meden
Atkelent war ilha
Asderhan tadawla
Har inmangh fal egha

Idjrawahi takount
En tafouk d’idjina
S’ibas kassen kalen
Ishwar idjit menna

Aïtma ed inkar
Tamatante fal indja
War n’illa tazolli
Nimaghas dagh ichindja

Mes frères, si nous nous lèverons
Soyons prêts à mourir.
Nous n’avons pas d’armes
Mais nous en auront avec l’ennemie.

Cela devrait se faire
Au nom d’une cause.
J’ai vu un innocent
Mourir au nom de la vengeance.

Un petit garçon
Qui vient à peine de naître
Il était blessé, le miraculé
Il est resté sans boire, toute la journée

Quand les hommes sont venus à lui
Ils le prirent sans qu’il pleure
Il voulu grandir
Pour se venger.

Je suis étonné
Par le soleil et la pluie.
Il ne pleut plus dans nos pays.
La sécheresse est presque partout.

Mes frères, si nous nous lèverons.
Soyons prêts à mourir.
Nous n’avons pas d’armes
Nous les chercherons
Chez nos ennemis.


Kedhou Ag Ossad

***

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22 mai 2007

Mon âme brûle!


Arghan manin arghan
Har bas t’illa n’isan
Ibas t’ikiyin inizdjam
Ibas n’awadh derhan

War djanet adjodagh
Wala adaghas ilkamen
Ilkam achel iyen
ghas dagh chilan

Ilkham achel iyen
ghas dagh chilan
Iket t’izdjar tidit
Touktoumid ichilan

Tedjraw anagh tekma
Tidjrawat imar-ha
Tidjrawat imuhar
Tidjraw anagh n’ozar

Idjraw ahi alwa
N’ér-ihan ténéré
Allawat aïtma
N’enmeknet djer ewen

Arghan manin arghan
Har bas t’illa n’isan
Ibas t’ikiyin inisdjam
Ibas n’awadh derhan



Mon âme brûle et me tourmente
Au point de ne rien comprendre
Les soucis ne passent plus
Au point de ne plus faire envie

Ne dites pas maintenant
Que rien ne s’y passera
Viendra un jour
Un d’entre les jours

Bientôt viendra un jour
agréable d’entre les jours
Où finit la souffrance
N’oubliez pas ces jours-ci

Ou vous comprendriez la douleur
Dont souffre les vôtre
Qui frappe les protecteurs
Et qui nous fait souffrir

J’ai l’espoir et l’envie
D’être dans le désert
Je vous en prie mes frères
Entendez-vous les uns les autres

Nous souffrons de la douleur
Qu’ont ceux que nous aimons
Qu'ont tous les Touaregs
Elle nous tient et nous en souffrons

Mon âme brûle et me tourmente
Au point de ne rien comprendre
Les soucis ne passent plus
Au point de ne plus faire envie.



Abdallah Hassan ( Membre de Tinariwen )

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19 mai 2007

PETITION POUR LA PAIX ET LA DEMOCRATIE AU NIGER

Nous, signataires de la présente pétition,
Considérant les menaces réelles de conflit civil qui se dessinent au Niger depuis quelque temps ;
Considérant l’option de l’usage de la force privilégiée par les parties (MNJ et Gouvernement nigérien) ;
Considérant les menaces de fermeture du Journal Aïr Info d’Agadez par le Gouvernement du Niger à cause de ses positions sur la situation qui prévaut au Niger ;
Considérant les risques de débordement de ce conflit sur la sous région,
Conscients que la démocratie politique et le respect des différences culturelles et sociologiques des peuples constituent la voie idéale et inévitable permettant aux différentes communautés nationales de vivre ensemble dans un climat politique sain et apaisé,
Considérant les aspirations profondes des peuples de la sous région à vivre dans la paix en vue de promouvoir leur développement ;

Appelons le Gouvernement du Niger et le Mouvement des Nigérien pour la Justice (MNJ) à privilégier la voie du dialogue en vue de trouver des solutions politiques justes et définitives à un problème essentiellement politique ;
Appelons le Gouvernement du Niger à mettre fin immédiatement à toute action de nature à porter atteinte à la sécurité des populations civiles nomades dans le nord du pays ;
Invitons le Gouvernement du Niger à respecter la liberté de la presse en permettant au journal Aïr Info d’Agadez (et aux autres medias publics, privés et/ou associatifs) d’accomplir leur mission d’information du public sur la situation au Niger en toute liberté conformément aux conventions internationales ratifiées par la République du Niger.
Appelons la Communauté Internationale, notamment la CEDEAO, l’Union Africaine et l’Union Européenne à faire pression sur le Gouvernement nigérien et sur le MNJ afin de les amener, rapidement, à la table des négociations dans l’intérêt exclusif du peuple nigérien et de la sous région ;
Manifestons notre soutien sans réserve à la société civile nigérienne qui œuvre pour le retour de la paix dans ce pays.


SIGNER LA PETITION



***

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13 mai 2007

Compagnons, écoutez...















Imidiwen s-adjdet tislem
Gham tissanem s-awa simen

Idjraw anagh war te-tiknem
Kounti wadegh sahas sidjdem

Adjit iyen dagh todjayem
Odjayen dis aïtma won
Is tanminak at-irazen

Adîn iyen d-itous iyen
Adj tanminak s’afous iyen

Izalen man-ér-ichimachleyen
Idja akinas wa idja Kaocen
Fal anmanga det-illa aghrem

Assid nodja y-akal nanagh
Dagh aghchaden ihanan nanagh

As ibdadagh azkanzaragh
Iglegh halagh dat man walegh

Atataragh ad-ilmadagh
Ed ilmadagh ad-aqalagh

Imidiwen mahi tinem
Nak oulh in ihi sarghen

Ichwar ikhegh dihad-iknen
Fewa sarghet sahi tinem

Akal ikris d-as dis tiglem
Toyem région wandin dagh wam


Compagnons,
Écoutez
et vous allez entendre.
Apprenez
ce qui est amer
et nous est arrivé.
Vous ne le soignerez pas
à moins de m’écouter.

Une seule croyance,
un seul but,
l’organisation en une seule main.
La potence, une seule.
Vous y êtes suspendus
et vos frères y sont suspendus aussi
Seule l’unité la brisera.

Âmes usées,
Tant de vauriens!
Âmes usées,
Celui qui s’en soucie
n’a qu’à mener une lutte
comme celle de Kaocen
qui a combattu partout
où il y a des villes.

Compagnons,
Que me dites-vous?
Moi, mon cœur me brûle.
Je ne m’attarderai pas

Dès à présent je partirai
là où il se passe quelque chose de beau.
Feu-faille!
Brûlé!
Voila le mot de passe.
Nous allons nous soulever
et œuvrer pour notre pays
où nos tentes sont détruites.

Quand je me suis levé
j’ai fait la grimace
et j’ai marché tout droit
au-delà des tentes
qui m’ont effrayé.

Je me suis mis en quête
de la connaissance.
Et quand j’aurais appris,
je m’en retournerai.

Le pays est déjà construit,
puisque vous êtes partis
et avez dépassé la « région »
où vous êtes nés.


Kedhou Ag Ossad

Traduction de Hélène CLAUDOT-HAWAD et HAWAD tirée de Tourne-tête, le pays déchiqueté: Anthologie des chants et poèmes touaregs de résistance 1980-1995, Editions Amara, 1996.

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7 mai 2007

Terakaft



L'album "Bismilla" de Kedou et son groupe Terakaft sort dans le courant du mois en France, sur le label Tapsit. Le disque devrait sortir dans d'autres pays (USA, Angleterre, Japon, Italie...) dans les mois à venir.

C’est un disque de blues que Terakaft a enregistré à Bamako. Quatre guitares, dont une basse, pas de percussions, et les belles voix de Kedou, Diara, Sanou et Rhissa. Foy-Foy, un autre ancien Tinariwen, est venu participer à l’enregistrement de chansons que les nomades connaissent tous, telles que Tenale Chidjret, ou encore Bismilla, véritable hymne des combattants de l’Azawad pendant les rébellions des années 90. Des chansons plus récentes aussi, comme Rastaman Aridal, chantée par Sanou, premier essai réussi de reggae tamashek. Un disque de blues qui ne cache cependant pas un style nerveux, que l’on s’attend à voir s’épanouir sur scène dans une débauche d’électricité.

Enregistré et mixé par Eliézer Oubda au studio Bogolan, Bamako, Mali, fin janvier 2007, sous le regard complice d’Elaga, Eyadou, Ibrahim et Hassan des Tinariwen.

Voici la liste des morceaux :

1. Bismilla
2. Tenale chidjret
3. Rastaman aridal
4. Manihadjan
5. Ter simawan
6. Adounia
7. Niha tinahaghen
8. Adounia tanoukmam
9. Imouhagh
10. Ayet ides
11. Imidiwan


4 morceaux sont déjà écoutables sur la page myspace de Terakaft (en page d'accueil de ce blog), ainsi qu'une vidéo à Essakane 2007.

Terakaft sera en tournée en France et en Europe de mai à août 2007.

Mai

Sam 19 / Festival Musiques Métisses / Angoulême (16)
Ven 25 / Centre Culturel Le Quatrain / Haute-Goulaine (44)

Juin
Ven 8 / Le VIP / Saint-Nazaire (44)
Dim 10 / La Fête Bio / Mûrs-Erigné (49)
Mar 19 / Le Quai / Angers (49)
Jeu 21 / Fête de la Musique / Saint-Junien (87)
Sam 23 / Festival Peuples en Mouvement / Tours (37)

Juillet

Sam 7 / Festival Voix de Pays / Fougères (35)

Suite...

5 mai 2007

Le désert, je ne le vends pas.



Le désert,
Je ne le vends pas,
Je l’aime.
Je ne renonce pas à sa sueur.

Je ne m’assieds pas dans des réunions
Qui parlent de son départ.
Cela sera ainsi jusqu’à ce que mes os
Se mêlent à ses cailloux.

Compagnons, aidez-moi
Nous allons rassembler ses rocs
Pour bâtir un jardin
Où nous ferons la sieste
Sous son ombre.

Le désert,
Je ne le vends pas,
Je l’aime.
Je ne renonce pas à sa sueur.


Kedhou Ag Ossad

Suite...

2 mai 2007

Mohamed Ali Ag Attaher


Dès les années 1920, pendant l'ère coloniale, deux ans après la défaite du dernier grand épisode de la résistance armée touarègue dans l'Aïr, Mohamed Ali ag Ataher Insar, qui deviendra chef des Kel Intesar à la mort de son père en 1926, s'investit dans la scolarisation en français des enfants touaregs, estimant qu'il faut savoir affronter l'adversaire avec ses propres armes . Il va se heurter à la réticence des familles touarègues par rapport à l'école coloniale, aussi bien qu'à l'opposition de l'administration française qui l'empêche de mener à bien son projet de former les enfants touaregs à une éducation moderne de haut niveau. Sa détermination le conduira à obtenir des Etats arabes l'inscription de ses recrues dans les universités moyen-orientales. Par contre, c'est en vain qu'il cherchera auprès de l'Egypte, de l'Arabie Saoudite et de la Libye un soutien politique pour sa lutte indépendantiste. Il se rendra ensuite au Maroc, juste avant la création des Etats du Mali et du Niger en 1960. Soupçonné de diriger la révolte touarègue qui en 1963 éclate dans l'Adrar sous une forme violente, il est extradé par les autorités marocaines et remis au gouvernement malien. Sa détention à Bamako durera de 1963 à 1977. A sa sortie de prison, refusant tout compromis avec l'Etat malien, il retourne à son exil marocain. Mohamed Ali s'est éteint à Témara ( Maroc )en juillet 1994

EXTRAIT D'UNE LETTRE ADRESSEE PAR MOHAMED ALI AG ATTAHER, AU NOM DES TOUAREGS DU MALI, AU ROI HASSAN II ET AU PEUPLE MAROCAIN
(...)
Nous, Touaregs du Mali, prenons la liberté d'en appeler au Royaume du Maroc et à la communauté internationale afin d'attirer leur attention sur la situation dans laquelle se trouve notre peuple aujourd'hui.

Nous tenons à souligner que notre démarche s'adresse, ici au Maroc, en la personne de Sa Majesté le Roi Hassan II, qui assume entre autres, lourds héritages, celui de toujours porter un " regard vigilant " sur le sort des populations du Sahara. Elle nous paraît devoir concerner également tous les hommes politiques ainsi que chaque citoyen marocain, quelles que soient leurs sensibilités ou leurs appartenances; tant il est vrai que notre histoire, notre culture, en somme notre background sont profondément enfouis au Maroc, (dans le sens historique du vocable Maroc).

Et le temps, et l'oubli, et le tracé arbitraire des frontières sont impuissants à effacer la réalité de l'effectivité des liens de sang, de l'identité de culture et des valeurs spirituelles de notre peuple avec celui du Maroc.

Nos traditions ne nous prédisposent pas particulièrement à lancer des appels au secours mais la nécessité nous impose de le faire au moment où notre peuple est à l'origine. Même quand nous lançons des appels au secours nous le faisons dans l'honneur et avec discernement.
C'est pourquoi notre premier réflexe est de nous tourner vers le prestigieux trône chérifien. Nous agissons aussi par fidélité et loyauté, car nous sommes convaincus que la disparition imminente, de notre peuple, serait également celle des " postes avancés " de la fabuleuse civilisation Maghrébine, aux portes de l'Afrique Subsaharienne.
Il est de même dans le Sud de la Mauritanie, où le devenir de cette civilisation est en jeu, les événements d'Avril 1989 en constituent la première alerte chaude.

Majesté, nous apprécions vivement vos talents d'homme politique de grande envergure et les rapports excellents qui vous lient avec les Etats sub-sahariens y compris avec ceux qui nous "ratissent".
Mais savez-vous seulement que ces états exterminent notre peuple pour ôter définitivement au Maroc tous griefs socio-historique, culturel et spirituel (tout ce, qu'identifie et incarne notre peuple) de nature à servir de support à ce que lesdits Etats appellent "les velléités expansionnistes du Maroc..."
L'extermination de notre peuple, débutée avec les indépendances et entretenues par une action souterraine depuis, par le Mali, est un élément constant de la politique du Mali, mais également du Niger contre les touaregs. Cette politique régulière repose sur un certain nombre d'arguments qui remontent plus ou moins loin dans le temps
- Ils n'ont jamais oublié la déclaration du résident-général Lyautey, alors au Maroc, qui lançait " ... le sultan est l'Imam couronné, souverain politique et religieux que tous les musulmans du Maghreb, jusqu'à Tombouctou regardent depuis toujours comme le seul vicaire de l'Islam sur la terre... " ;
- Ils reprennent toujours à leur compte les déclarations de la presse française, notamment l'illustration dans sa livraison du 24 février 1894 "... la prise de Tombouctou assurera l'avenir du continent noir... "

Pour prendre Tombouctou, les français en ont bouté dehors les Touaregs, pour garder Tombouctou le Mali extermine les Touaregs.
- Les régimes successifs au Mali, comme au Niger, n'oublieront jamais que le Sahara et ses populations ont depuis toujours vécu sous 1'allégeance des sultans de Marrakech et plus tard sous celle du Maroc.
- Que par-delà des obstacles constitués par les frontières héritées de la colonisation, les liens ombilicaux avec le Maroc sont demeuré réels dans le subconscient collectif de notre peuple.
- Ils sont, d'autant plus convaincus du sérieux de leurs craintes, que ces populations n'ont jamais renoncé historiquement à cette allégeance et â ces liens ombilicaux.

Majesté, le drame qui se joue dans cette poche du Sahara est hélas, réel, il n'aurait jamais dû se jouer et doit cesser. Le Grand Sahara est un et indivisible et fait partie intégrante du Maghreb et non de l'Afrique de l'Ouest.
Voilà déjà trente ans que notre peuple, par la voix de ses chefs traditionnels, qui ont su comprendre ce que signifiait l'indépendance pour les Touaregs au sein du Mali, tente vainement de réintégrer la mère patrie.
Alors même que d'autres sujets ont manifesté énergiquement leur volonté à rompre le lien ombilical, voire briser les liens fraternels du Maroc avec les Etats Maghrébins, tenir son image de marque à travers le monde, notre peuple n'aspire qu'à servir et ne demande que la protection de son identité et la mansuétude de Votre Majesté.
Dans cette partie du Sahara, il y a un trésor humain d'intelligence, de dévouement, de résolution, où le Maroc pourra puiser pour beaucoup de ses besoins. Si l'on permet à notre peuple de se relever, il est capable de constituer un rempart solide aux portes de l'Afrique Noire et garantir la stabilité du Sahara de Tombouctou à Marrakech.

Notre peuple traverse l'étape la plus cruciale de son existence des temps modernes, nous avons l'honneur et le devoir de faire remarquer à votre majesté que son attitude, face à notre drame, déterminera de manière substantielle l'avenir de notre peuple.
Le prestige politique rayonnant et la qualité des croyants, de votre Majesté sont autant de motifs d'espoir, qui confortent notre peuple dans son désir de voir votre Majesté, jouer le rôle de premier plan, pour l'aider à surmonter cette rude épreuve...

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Chant de l'oubli

Fatras et hardes de syllabes
que le vent déchiquette
sur l'omoplate décharnée
du désert
longtemps
la voix dévale les abîmes
du silence
pour éveiller l'écho
et l'astre filant
qalope dans les voiles ténèbres
pour apporter la flamme
aux veillées nocturnes
du vide
Aucune nouvelle
jusqu'à présent
Rien
Seulement Rien
chevauchant la cigale
efflanquée
de l' absence
Pourquoi tant de sanglots
et de larmes versées
sur le sable
puisque l' arbre continue
d' aspirer
l' azur
Assieds-toi parmi nous
et bois ce breuvage
élixir
de la tige du non-être
Plus tard nous t' apprendrons
à danser les chants
de l' oubli
Chants de la soif et de l' égarement.



Poésies & calligraphies tifinagh originales de HAWAD.
Traduction du touareg (tamajaq) et adaptation française :
HAWAD & Hélène CLAUDOT.
EDISUD - Aix-en-Provence, 1987

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29 avr. 2007

Desert Rebel - Le DVD (extrait)

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KOUDEDE - Timajiren

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24 avr. 2007

Nous veillons la nuit










Une chanson composée en 1987 au Tibesti dans la région d’Aouzou par Kedhou Ag Ossad. Au cours de cette période, les touaregs enrôlés dans l’armée libyenne pour des guerres qui ne les concernaient pas au Tchad et au Liban, ont accepté selon leur termes, le sacrifice de << troquer leur sang contre le savoir>> (c’est-à-dire contre une formation militaire moderne) dans le but de pouvoir un jour libérer leur pays.

Ô mon âme !
Nous veillons la nuit,
Nous veillons le jour.
Nous sommes dans des pays
Dont les maîtres sont des maîtres.
Nous attendons qu’ils viennent à nous,
La France et l’Amérique
Les ont renforcés.

Ô mon âme !
Compagnons,
Gardez le sourire
En pensant au pays
Qui est le votre.
Au pays où vous avez laissé
Vieillards et enfants.

Ô mon âme !
Hommes,
Gardez le sourire
En pensant à celles
Qui sont vos sœurs
Là où sont les vieillards
Enracinés pour vous
Dans une attitude
Identique et unique.

Ô mon âme !
Les uns ont été brisés
D’autres sont partis.
Ceux qui sont morts
C’est au nom de quoi ?
Pour la liberté
Du pays qui est le leur.

Ô mon âme !
Si vous aviez vu
Combien ils étaient décidés
Quand ont leur a dit
Qu’ils partaient au Tchad.
La nation déjà se dressait devant eux.
Le Mali s’il avait été proche
Aurait été jaloux
De voir comment ils ont combattu.

Ô mon âme !
Les hommes sont morts.
Ils ne sont plus.
Certains au lac Tchad,
D’autres au Liban.
Nous veillons la nuit,
Nous veillons le jour.
Nous sommes dans des pays
Dont les maîtres sont des maîtres.

Traduite de Tamasheq par Hawad

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21 avr. 2007

Terakaft













Terakaft est un gang de guitares, à l’instar de Tinariwen. Rien d’étonnant à cela si l’on sait que Terakaft a été fondé par Kedou et Diara, deux compositeurs et guitaristes historiques de Tinariwen. Kedou accompagnait d’ailleurs Tinariwen lors de sa prestation au Festival au Désert de Tin-Essako en janvier 2001, et figure avec quatre chansons sur leur premier album « The Radio Tisdas Sessions ». A cette époque, il n’a pas intégré le groupe, désormais célèbre aux quatre coins du monde, mais il est parti vivre deux ans en Algérie, à Tindouf, Tamanrasset, puis autant en Lybie. Finalement, il revient aujourd’hui s’installer à Kidal, au Mali, pour le plus grand bonheur de ses amis et frères Touaregs. Kedou est une célébrité chez lui, tant par son histoire dans la rébellion que par ses chansons. Il retrouve Diara, l’un des grands compositeurs du Tinariwen historique, et l’une des guitares les plus « rock » du groupe, et deux jeunes guitaristes, Sanou et Rhissa. C’est au Festival au Désert d’Essakane, en janvier 2007, que Terakaft fait son premier concert d’ouverture sur le monde, puis un deuxième à la Fête du Chameau de Tessalit, avant de se rendre à Bamako, pour enregistrer un premier album, en quatre jours, au studio Bogolan.

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18 avr. 2007

L'identité : Un défi à relever

















La lutte du Peuple Amazigh (Berbère) est un droit auquel les Touaregs n'ont pas l'intention de rénoncer face à la marginalisation subie aussi bien au Niger qu'au Mali.
Plusieurs accords de Paix ont été signés entre ces gouvernements et les mouvements rebelles, mais ces accords n'ont jamais été respectés car l'immaturité politique de nos dirigeants est une réalité. Tous les engagements pris pour améliorer la situation des régions nord sont restés lettres mortes, pendant nos ressources sont pillées pour construire le sud.

AU NIGER

Aucune bourse d'étude n'est acordée aux étudiants Touaregs (comme prévu dans les accords), les matériels médicaux offerts par les associations amies sont exportés vers les régions du sud comme si il existe des citoyens méritant plus que nous, mais qui vivent plus au sud. Aucune promotion des cadres civils ou militaires. Les postes politiques sont réservés aux éthnies du Sud et de fil en aiguille le pouvoir est domestiqué par ces mêmes populations, qui n'acceptent pas la composante Amazigh.
Les sociétés minières pompent l'ranium, emploient par milliers sans jamis engager les locaux qui subissent de plein fouet le chômage, et dire que le Niger oeuvre pour une Paix durable.

Quand pourra-t-on être considerés comme des citoyens à part entière? Quand pourra-t-on laisser les populations profiter des retombées de l'extraction des ressources minières du Nord comme c'est le cas pour l'or des régions de Tera (au sud du Niger)?

Pendant que les mouvements terroristes tentent de destabiliser la région Saharienne, les autorités Nigeriennes font la chasse aux sorcières contre leur propres populations, tolèrent la présence de ces forces térroristes dans certaines régions (Tassara).

Nos dirigeants comptent parmi les plus corrompus de l'Afrique de l'Ouest, car comment un Pays peut-il accepter qu'un premier ministre detourne plus de 02 milliards et continuer à presider un gouvernement qui classe le Pays au dernier rang mondial!

Les Touaregs ont toujours été pour un dialogue des Peuples, mais à condition que règnent la Justice et l'Egalité.

Si la lutte est a seule voix qui puisse être entendue, telle est notre choix et nous comptons le faire valoir, et honorer la mémoire de nos martyrs (fihrun ag alinsar, kaocen want tiguida, mano ag dayak...)

Le Mouvement des Nigeriens pour la Justice

Le blog de MNJ

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14 avr. 2007

Quelques proverbes touaregs













-"Fils d’Adam Reçois le, même s’il est ton ennemi."
-"La femme est la parure de la maison."
-"La femme est le pantalon de l’homme"
-"Le bien que tu fais à un homme n’est jamais perdu."
-"Choisis comme ami celui qui te surpasse et non celui que tu surpasses."
-"La Terre n’a qu’un soleil."
-"En voyage, décline ta communauté, tu seras reçu par les tiens."
-"Toute famille à son terroir d’attache."
-"Le point d’attache, c’est le puits."
-"La coutume est une des rares choses difficile à répudier."
-"Pour un homme, mieux vaut se casser la jambe que casser sa parole."
-"Dignité souillée ne se lave pas à l’eau."
-"Il est plus facile d’être un homme de rien qu’un homme de bien."
-"Fais ton devoir et ne sois pas tenté d’imiter celui qui manque de civisme."
-"Les Hommes sont égaux, leurs actes les différencient."
-"Tolérer vaut mieux que traîner le chagrin."
-"La solidarité est un remède pour le besoin."
-"Une faute commise par une personne peut avoir une conséquence négative qui touche le collectif."
-"Le même ventre produit différents êtres."

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10 avr. 2007

Dassine, poétesse targuie.

















Qui était Dassine ?
Son vrai nom : Dassine Oult Yemma, Sultane du désert, c'est la plus grande "sultane d'amour". Elle "était messagère de paix " entre les Touareg dissidents.

"L'eau elle-même sait nous dire "je t'aime" en posant sur nos lèvres le meilleur des baisers.
Qu'importe tous les voiles sous lesquels tu te caches, j'en ris comme le soleil rit des nuages ; ta vraie pensée sort toujours de ton coeur dans ton souffle.

Dassine

Charles de Foucault écrit :

"... Dâssin ult Ihemma est la sœur aînée d’Axamûk (1). Elle s'est mariée avec un homme nommé Afélan. Dans tout l'Ahaggar, il n'y a pas de femme qui surpasse Dâssin. C'est une grande femme, elle a le teint clair, légèrement brun. Son visage est beau. Ses yeux sont magnifiques : ils sont expressifs et rieurs. Elle a les dents blanches et brillantes. Sa démarche est élégante. Elle sait bien jouer du violon. Elle a une conversation agréable. Elle est d’une grande intelligence. Rares, ou même inexistants, sont les hommes qui ont autant d'esprit que Dâssin dans l'Ahaggar.

C'est une vraie reine. Avant qu'elle ne soit mariée, les hommes n'allaient que chez elle. Et, même maintenant qu'elle est mariée, nombreux sont ceux qui l'aiment dans le secret de leur âme.
Pourtant, personne n'a jamais entendu dire qu'elle ait fait quoi que cc soit de mal : elle craint le déshonneur.

Avant son mariage, Mûsa ag Amâstân (2) l'aimait. Il comptait l'épouser. Il était dans l'Adghagh des ifôghâs lorsqu'il apprit qu'elle s'était mariée. Mûsa aima aussi une femme des ifôghâss, très belle, Lalla ult illi. Son père était amenukal des ifôghâs. Quand il s'éprit d'elle, elle était déjà mariée : Etteyub l'avait épousée."

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Axamûk ag lhemma est l'un des chefs des Kel-Ghela, principale tribu noble de l'Ahaggar (C.F.). Il a été amenukal de 1921 à 1941 ; son fils Bey ag Axamûk a été le dernier amenukal de l'Ahaggar de 1950 à 1975, date de sa mort.

Mira ag Amâstân : actuellement amenukal de l'Ahaggar, cousin germain de Dâssin (C.F.). Mûsa et Dâssin restent pour la première moitié du XXe siècle les modèles les plus conformes aux valeurs guerrières, chevaleresques et littéraires de la civilisation des Touareg de l'Ahaggar. De nombreuses poésies, ont été consacrées à Dâssin (voir Foucault, Poésies, 110, 219, 541...).

Sur les circonstances du mariage d'Afélan et de Dâssin et sur les relations de celle-ci avec Mûsa, voir Métois, 1906 : 29-32, 47.

Source: Site de l'association SAUVER L'IMZAD

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L'amour au Pays touareg

Moussa aime Dassine. Il l’appelle
« La rose du Hoggar »
« La lune blanche »
« La fille de l’étoile »
« L’incomparable »
« L’unique »
« L’or et l’argent mêlés »
« L’étoile entre les étoiles »
« La sœur jumelle du soleil »
« Ma montagne bleue »
« Mon amphore brune »:


Et au plus fort de son désespoir, elle est :
« La colombe et l’hyène »
« Le lit et la tombe »
« Le ciel et l’enfer »


Il l’appelle « la fille bleue »

C’est Dassine, sa cousine par la sœur de sa mère.Une voyante la lui a annoncée, marchant sur un chemin de pierre, aussi belle qu’un rêve saturé de lumière. Ce lent chemin, il le sait, c’est le sien, car déjà, dans le ventre de sa mère, il l’aimait.
« Son cou est plus beau que celui d’un poulain attaché dans un champ d’orge et de blé en avril. Dieu l’a créée et lui a accordé de jouir du respect de tous. Son oncle n’a pas de repos : tout le monde vient la lui demander en mariage. Quant à elle, en liberté, elle joue de l’imzad (1) et élève gaiement la voix. Je donnerais en aumône les troupeaux qui marchent vers la montagne et je donnerais tout ce qu’il y a de pâturages engraissant chamelles et chèvres d’ici jusqu’au Bornou pour qu’elle reste dans l’estime des hommes entre le soleil et les étoiles. »

Dassine aime Moussa. Elle l’appelle
« Le lion »
« Le juste »
« Le croyant »
« L’aigle qui va au loin »
« L’époux de ma pensée »

« Depuis ma naissance que je te connais, tu es plus beau qu’un dattier chargé de fruits sucrés. Lorsque tu prends ton chameau brun, celui marqué de vert sous la mâchoire, vert comme l’épi non mûri, tu es plus émouvant qu’une promesse de pluie, celle qui s’annonce avec l’éclair à l’Est. Toutes les femmes t’admirent. Tu es plus beau qu’un tamzak (2) richement décoré. Tu es plus rayonnant que les cristaux de glace au plus froid de l’hiver. »
Moussa veut que son front enturbanné surpasse tous les fronts de l’Ahal (3)
Dassine veut que le sien le dépasse encore.
L’orgueil les empêche de céder l’un à l’autre. Ils ont trop peur de se perdre en se perdant l’un dans l’autre.
Et pourtant ils s’aiment. On dit : « Si tu veux être aimé d’une femme, reste assis auprès d’elle, ainsi tu l’honores. Laisse-lui sa liberté, ainsi elle t’aimera sans contrainte. »
Elle danse, la fille bleue, de ses seules mains tendues vers les amoureux.
Elle chante, la fille bleue, des milles chants nés de la seule corde de son imzad.


Le voile noir de Moussa tait les secrets de sa bouche.
Le voile noir de Dassine cache le regard de ses yeux.
Et le son de l’archet sur le crin de l’imzad les harcèle.


Dassine dit : « Préfère à toutes voix, préfère avec moi, la voix de l’imzad, le violon qui sait chanter. Et ne sois pas étonné qu’il n’ait qu’une corde : as-tu plus d’un cœur pour aimer ? Mon imzad à moi est à lui tout seul tout l’espace qui vous appelle. »
Elle rit, la fille bleue, égrenant le pas dansant des chèvres sur des rochers de souffre.
Elle rit, la fille bleue, de l’amour de Moussa et elle le possède par les mots, par les lettres de Tifinagh (4).
Elle brûle de liberté, la fille bleue. Elle agrandit ses yeux de k’hol et se farde cœur d’indigo, d’ocre et du jaune des fleurs d’acacia. Elle brûle plus encore de l’amour qu’elle refuse…Et d’Insalah à Tombouctou, se chante le nom de Dassine : « La rose peut-elle empêcher son parfum de se donner à tous ? »

« On dit que nous sommes trois à te plaire, sans que tu saches encore celui que tu préfères : si c’est Saori pour sa constance, Aflan pour sa richesse, ou moi pour ma poésie. Lequel triomphera de ton cœur, ô Dassine, des troupeaux, de l’orgueil ou du feu ? »

Aujourd’hui elle part, la fille bleue, au destin de ses noces. Elle a choisi Aflan Ag Doua pour époux.
« Et voici que s’est levé dans le ciel le soleil du jour de ton mariage, et à ce soleil du ciel répond le soleil de nos armes. Dassine, toi la fille de l’étoile qui mets sa chamelle d’or dans le pâturage du ciel, comment dire ton éclat ? Tu n’as pour bijou que ce collier berbère sur ta peau blanche. Tes cheveux, lissés en nattes, sont ta seule parure sous le voile. Et par ton seul sourire tu rayonnes, plus douce devant la tente que le pain de sucre et le rayon de miel. »

On dit : « L’homme qui déplait à une femme doit se tenir à l’écart, comme le méhari que l’on n’a pas choisi pour la caravane. » Bientôt, elle sera mère, la fille bleue, mère d’un fils né d’elle et d’Aflan, qu’elle nommera Sidi-Moussa-le-lionceau. Elle se dit : « La gloire de mon front est moins grande que celle de mon sein gonflé de lait. » Et elle entend : « Femme, ne te plains jamais, toi qui connais la joie blanche d’allaiter. » Moussa le guerrier, Moussa le poète, s’est éloigné depuis longtemps…. Il va là où elle n’est pas, pour s’engloutir dans l’espace du désert, pour la perdre dans le sable de la mémoire : « L’’oasis est loin, mais moins loin que l’amour de Dassine. » Il vit parmi les épines et cram-cram (5), terrassé par la soif intarissable de l’aimée. Il demeure de longues heures les pieds posés nus sur le sable, dans le silence bruyant de sa douleur.
« Homme, il faut savoir se taire pour écouter le chant de l’espace. Qui affirme que la lumière et l’ombre ne parlent pas ? »
Moussa a choisi la fièvre, les bêtes sauvages, les blessures, la lance glorieuse, la soif, la faim, le vent et les mirages, l’aridité du désert.
Il veut mourir en combattant. Toujours prêt à tuer pour se tuer lui-même. Il lève haut son bracelet qui porte la vaillance de son bras nu. Il hurle dans le vent la rage de son amour englouti : « Trop lourd est le burnous de la vie. » Mais de lune en lune, sa soif de la femme bleue grandit. Sur le sable il trace le serment de ne jamais prononcer son nom. Et déjà, le vent, en tourbillonnant, a tout effacé. Passent les années… Aflan délaisse Dassine pour « acheter » une autre femme. Dassine, indifférente à son absence…La tendresse de son enfant, Sidi-Moussa-le-lionceau, la comble… Mais la pensée de Moussa, son premier amour, l’habite.
Passent les années, huit années de désordres, de violence, de désespoir…
Alors, un soir, son méhari commande à Moussa de revenir au campement, de revenir vers la fille bleue. Moussa lui a obéi.
A l’entrée de la tente, elle le regarde, aussi languissante qu’un dernier souffle d’air, aussi ployée que le genêt du désert tourné vers le vent.
Moussa a dit : « Je me suis abîmé dans ton amour comme dans une tombe. La vie s’est refermée sur moi. Quelle ivresse peuvent me donner désormais les conquêtes les plus difficiles ? Les autres femmes n’ont été pour moi rien de plus que la les brumes de la rosée pour le soleil. Maintenant je viens de goûter sur ta bouche la volupté d’absorber ton cœur et de te livrer ma vie dans le mien. Ton baiser a l’odeur enivrante du mimosa qui sourit au gommier bleu sous la main d’or du jour levant. Le désert lui-même n’est plus assez vaste pour séparer nos cœurs. » L’enfant, Sidi-Moussa-le-lionceau, a maintenant seize ans. Il a désormais le droit de se battre avec les hommes. Dassine se rendit chez Moussa : « Moussa, toi qui par amour pour moi es devenu le pèlerin du soleil et le lion des combats, enseigne à mon fils ce que t’ont enseigné le silence et le temps. » Moussa dit alors à l’adolescent : « Apprends d’abord, et parle ensuite…Au sédentaire la charrue, au guerrier le combat. Que le chamelier garde ton troupeau, que l’épée garde ton honneur ! Crois en ta force si tu veux être fort et que la fatigue ne terrasse que celui qui mesure ses pas. L’opulence assèche le cœur et le combat l’ennoblit. Il faut que ton courage monte comme un palmier dans le ciel et que la peur s’enfonce comme une taupe dans la terre, si tu veux avoir l’orgueil d’être toi.. »
L’adolescent partit au combat. Il est tué deux ans plus tard. Sa mère, Dassine, s’enferme dans la solitude de son malheur. Elle dédie sa passion au sable qui coule entre ses doigts en gerbes de poussière brisées par le soleil.
Moussa, lui, est torturé par l’amour amer, plus amer que le fiel des fleurs vénéneuses. Ni les baumes, ni les talismans, ni les feuilles à mâcher ne le guérissent de sa fièvre.
Pour Moussa, lentement, la main noire de la mort avance.
Il faut connaître le désert pour savoir le silence. On dirait qu’il tombe de la lampe de chaque étoile et du tombeau blanc de la lune. Moussa dit aux étoiles : « Qu’on m’ensevelisse dans l’infini du désert…A qui meurt d’amour immense, il faut un immense oubli. »
(1) Imzad : violon à une corde
(2) Tamzak : selle de dromadaire
(3) Ahal : soirée poétique rythmée par une joueuse de l’imzad où les célibataires femmes et hommes rivalisent de poésie et d’élégance
(4) Tifinagh : Alphabet berbère
(5) Cram-cram : graminées sauvages du sahara. La graine est enfermée dans un étui d’épines qui s’accrochent aux vêtements et déchire la peau
Takouba: epée

DJAMAL BENMERAD

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8 avr. 2007

Tinariwen & Carlos Santana : Amassakoul

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7 avr. 2007

Othmane Baly











Mebarek Othmani, dit Baly, est né en 1953 à Djanet, dans le Tassili, à quelque deux mille kilomètres au Sud-Est d'Alger. Étudiant en médecine, il s'achète un luth, se met à chanter sur des airs traditionnels touareg puis à écrire des textes en Tamacheq.

À Djanet, où il travaille à l'hôpital de la ville, il fonde un ensemble instrumental et vocal composé de sa mère Khadidja et de ses cousines et cousins. La formation se produit également hors d'Algérie.

En 1991, Baly croise la route de Steve Shehan. Né en 1957 en Virginie (États-Unis), compositeur, poly-instrumentite et grand voyageur, ce dernier a collaboré avec Léonard Bernstein, John Mac Laughlin et Ryuichi Sakamoto.

La rencontre de Baly et Steve Shehan a donné deux albums aux subtiles couleurs africaines.Assikel, le troisième n'a jamais été publié.

Baly le poète jailli des entrailles du Tassili N'Ajjer, répercute l'écho d'un art aussi lointain que la nuit des temps.

Othmane Bali, 52 ans, a été emporté par la crue d'un oued dans la nuit du vendredi 17 juin 2005, dans le Tassili n'Ajjer. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la région ont été fatales au chanteur algérien. Son 4x4 a été englouti par les eaux de l'oued Tinjatat qui traverse la ville de Djanet, et son corps sans vie a été repêché le lendemain par la Protection civile.

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4 avr. 2007

Toi Désert
















Toi Désert

Toi désert, compagnon de ma vie,
Toi désert, le plus cher des amis.
Ton orgueil et tes dunes en saillies
Parsemées des plus beaux tamaris,
D’acacias sous lesquels un targui;
Ecoutant sa théière qui bouillit,
Disposant patiemment sa prairie
Et la danse du vent qui jaillit
Comparée aux plus belles mélodies.

Othmane BALI

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2 avr. 2007

La mort est là













TAMATANT TILE
(La mort est là)

Une chanson de Hassan Ag Touhami dit Abin-abin, un des members fondateurs de Tinariwen, écrite en 1983.

TAMATANT TILE TATAF ICHILAN
AFALID TOSSA IBASLA ISIFRAN
OUKASET ISHNI KOUNTA IHA IMIDJYAN
IFAWID NASSILAH NAWAN ISSOULAN

NINAQ ISHINDJA NAQAL IDJIDRAN
NAHARAR AMOUSS IZARH IFARWAN
TASSID TANKILWAT IZARH ISSILMAN
TIZHOU TAMADRIT ADTADJ IMICHLAN
AR NAQASH OUNAN INKAN IFARDJAN


La mort est là, elle compte les jours
Quand elle arrive il n’y a plus de remède
Que le sang bouille s’il est vraiment dans les veines
Au lever du jour prenons les armes et escaladons des montagnes

Nous tuérons nos ennemis en devenant des aigles
Nous libérerons quiconque vit dans les plaines
La joie arrivera elle poussera sur toutes les étendues
La jeunesse retrouvera la plénitude et l’exprimera par des fêtes
Nous creuserons des puits ,nous cultiverons des jardins.

Tinariwen ( Aman Iman )

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27 mars 2007

TINARIWEN - Cologne-16/03/2007

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Groupe Imawalane


Touaregs & Peulhs Woodabés ( Agadez )

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26 mars 2007

TAQQAL ATHAWRA TENALLE CHADJRET
S RAQIS AKRAMBINET WAR RAQIS EQOUDANET
"La révolution est un long fil qu'il est plus facile de tordre que de redresser"

KEDDHOU

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20 mars 2007

"Imuhar, une legende"
























« Imuhar, une légende » est un film de Jacques Dubuisson (1997).

Interprètes : Ibrahim Paris, Mohamed Ixa, Rhali Ixa, Mohamed Ichika, Atibou Aboubacar, Oumou Algabid, Agdal Mohamed Ahali, Djibril Feltou, Jamilla Ahmayade, Ibrahim Kounour, Sadi Tamb,...

Résumé : La mère de Khénan vient de mourir. Il a onze ans et a toujours vécu à Paris. Sa mère Claire était française, son père Najem est Touareg. Najem l’emmène alors rendre visite à sa famille, dans son pays, un pays que Khénan ne connaît pas, le Niger. Au milieu du désert magnifique, Khénan va vivre des moments inoubliables. Avec son grand-père, Kénuni, sa tante, Kannes, ses cousins et ses cousines, il va découvrir une autre vie, la vie des Imûhars, le nom que se sont donnés depuis toujours les Touaregs et qui signifie « être libre ».

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18 mars 2007

TUAREG: LE GUERRIER DU DESERT



Les touaregs sont des hommes à part. Méprisants les villes, leur demeure est le désert. Ils ne connaissent ni les frontières ni les autorités et ne sont régis que par leurs lois et traditions. Des lois qui prônent un respect du prochain et des traditions que nul ne saurait entraver. Un jour, deux hommes assoiffés traversant le désert sont recueillis par Gacel Sayah (Mark Harmon), vénérable guerrier touareg au courage sans égal. L'hospitalité étant une chose sacrée chez les touaregs, les deux hommes sont accueillis et soignés avec attention. C'est alors que l'armée surgit de derrière les dunes, assassine l'un des hommes et kidnappe l'autre qui s'avère être l'ancien président déchu. Gacel Sayah, humilié, crie vengeance ! Quiconque touche à ses invités mérite la mort ! Ainsi commence une traque sans merci à travers le désert.

Mark Harmon s'amuse comme un fou à incarner le guerrier touareg à l'honneur bafoué. Bravant les dangers du désert, résistant au soleil et à la soif, il va jusqu'à boire le sang de son chameau ! Seul, il prendra d'assaut la prison d'état, mitraillette en bout de bras, pulvérisant ses ennemis au ralenti. Les impacts de balles déchirent les peaux laissant apparaître des énormes plaies sanglantes tandis que les cascadeurs bondissent dans les airs soufflés par les explosions de leur véhicules. Castellari signe ici un film attachant qui dessert ses scènes d'action à dose homéopathique mais de manière redoutablement efficace préférant s'attacher à la résistance de son prodigieux Touareg pour l'amener à une fin pleine d'ironie qui ne manquera pas de surprendre le plus blasé des spectateurs.

Le casting comprend également Antonio Sabato, en officier pourri, et Ennio Girolami, frère d'Enzo Castallari, en officier gentil. Enzo lui-même s'est réservé un caméo en tant que garde...



TUAREG: LE GUERRIER DU DESERT aka TUAREG: THE DESERT WARRIOR aka DESERT WARRIOR aka TUAREG: IL GUERRIERO DEL DESERTO - Enzo G. Castellari, 1984, Italie

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17 mars 2007

SAHARA, Visions atomiques


Chapitre 5
Écho de l’envers

Traduit du touareg (tamajaght) par l’auteur et Hélène Claudot-Hawad


Allo allo
arghem alpha éba arghem éba.
Je vous annonce que les rayons X
viennent de dévoiler une amulette
nouée dans les plis
de la cervelle d’un homme,
homme du nom de X,
homme clandestin,
homme vagabondant dans sa cervelle,
homme errant dans toutes les zones de pénombre
de son propre moi.
Allo allo, est-ce que vous m’entendez ?
Ou bien n’ai-je plus d’ombre moi aussi
sur cette terre qui glisse et dérape avec nous ?
Oui ! béta alpha beta, vous m’entendez ?
Si oui, alors moi aussi
je ne suis plus moi,
moi qui suis au service de votre sécurité,
mais plutôt un autre, un moi à part,
un moi à l'envers…

Bon, je vais essayer de lire l’amulette
que les rayons X ont dévoilée
à l’agent Y de nos services
pour que toutes les nations du bien
puissent l'entendre,
je vais réciter, à haute voix,
l’amulette écrite à l’envers
l'amulette aux formules diaboliques
des sept vents du néant
qui disent :

– Au nom des sans ombres,
les sept vents sans ombres,
eux qui refusent toute autorité
et ne reconnaissent pas les ordres établis
en pyramide Etat poids carcan
miséricordieux sur leurs épaules.
Argham, ébjad, éhwaz, ékhtay
éklman esghaf éDad éqershat
étcha eZa édj éga,
a i o é et le a défunt.
Le monde est une pyramide
étagée en cinq blocs :
Premier bloc
où habitent le zéro et neuf lions,
Deuxième bloc
où demeurent douze combattant
Troisième bloc
abritant quatre vipères
Quatrième bloc
emmagasinant cinq détonateurs
et cinquième bloc
qui détient les cinq codes
des cinq extinctions de l'imaginaire :
a1, i2, o3, é4,
et je dessine au centre du carré
le a de l'absence
qui campe le 5.
En donnant de l'importance
seulement aux consonnes,
le cabalisme a négligé la force noire
des cinq baguettes en deçà du sens,
les voyelles
qui détournent le pouvoir
de toute autorité
Etat et pharaonnerie bétonnés.
Voici l'art de recycler
l'énergie des chutes et déchets
que la raison a exclues.
Vent rouge, vent jaune, vent roux,
vent noir, vent gris, vent rayé,
vent albinos,
les anges ont bien un sexe
et quatre vingt dix neuf pour cent
de belles femmes,
le prêtre reçoit la révélation de l'ange,
le scribe accueille la charge électrique du vautour,
les sept vents sont dans nos filets.
A présent, tressons les nerfs du cyclone .

J'ajoute la puissance du neuf
à la puissance du huit,
la puissance du huit à la puissance du sept,
la valeur du sept s'additionne à celle du six
la valeur du six à la puissance du cinq.
Et je plonge les cinq puissances
dans la puissance du quatre
et transfère la puissance du quatre
dans la puissance du trois.
Je baratte la puissance du trois
dans la puissance du deux
et les deux puissances dans le Un.
Alors je verse la puissance du un
dans l’impuissance
et je transvase l’impuissance
de trois éclairs atomiques
dans la planche de mon thorax,
et je crie la puissance du nombre renversé
glissant et fuyant toutes les pesanteurs
des valeurs du monde établi
et par le timbre sourd
du cinquième cri de combat,
hors des tripes de la terre,
j’arrache la destruction
des six derniers tonnerres atomiques
que le mont Ahaggar a noués
dans les boyaux de l’ombre
fantôme du Touareg,
ombre à quatre pattes
sous les ténèbres de son pays culbuté
qui lui aussi rampe
sur les vertèbres de son dos.

Impuissance des trois tonnerres
à laquelle se rajoutent les destructions
des six tonnerres qui ont semé
à coup de mépris
les neuf fardeaux atomiques
en direction de l’astre
à la puissance neuf
et neuf jusqu’à l’infini neuf,
neuf bras et branches de haine
puissance de neuf milliards
voyage de la lumière errante
pondant sans cesse neuf soleils,
qui chacun explose à tout instant
de neuf milliards de cosmos soleils
de nouveau épanchant leurs menstrues
jets d'arcs-en-ciel
des neuf voies lactées
qui crachent d’autres ouragans fous
d’étincelles…

Je dévie,
je dévie toutes les puissances des neuf chaos
et à hauteur des sept forces terrestres
rajoutées aux grimaces des sept fronts célestes,
je détourne,
je détourne tous les aimants
des voies et des autoroutes
de satellites voitures avions et trains
fibres et réseaux ferroviaires et électroniques
des terres, des airs, de l’imaginaire et des océans.

Ne craignez pas la métamorphose,
déjà nous sommes neuf milliards de fusées,
neuf milliards d’insectes
soleils en révolte
s’affranchissant des cervelles d'ordinateurs,
libérés de leurs lanceurs,
pour un élan de fronde tourbillonnant
danses révoltes marches rejoignant les vertiges
courses de météorites cabalistiques
du détournement des sens,
des ordres et des règles.


Geste du scribe

Ewa égale six,
alpha égale un,
eha égale cinq.
Ceci est la formule
de la bombe à retardement
de nos regards,
nos regards ponceurs de vos soleils.
Et déjà les fronts de vos satellites sont scalpés
et cent champignons du tartre de notre salive
continuent leur œuvre
dans la cervelle et les moelles nues
de vos espions et de vos ordinateurs…
Le vieux vautour,
gardien des campements abandonnés,
ne disait-il pas :
– Attachez la terre à la cheville du vent,
liez la terre par le fouet de vos langues,
liez le serpent terre,
et mettez l’unité du cinq
dans l’angle gauche du triangle
et le chiffre un dans l’angle droit.
Et sur la tête de votre triangle,
logez encore un cinq
et ensuite, renversez la pyramide des pharaons
sur le souple triangle, trépied nomade
et entourez le double triangle
par le nom des hommes de sept,
hommes de sept, piliers des ténèbres
et l'être humain jaillira des ténèbres,
Homme, porteur de l’univers.
Des ténèbres, surgira l’homme taureau,
taureau homme
qui n’a nul besoin
de la planche de l’espace
ni d’un faux ruban du temps,
l'homme taureau indomptable,
homme rebelle taureau,
Homme jailli du cosmos
homme fauve
se portant lui-même
et l'autre face du monde.

Renforcez l’homme rebelle
par le sexe de Satan,
et naîtra le démon de la passion
de vos insurrections.
Le six de la gauche
versé dans le un de la droite
égale sept.
Et sept fois le cinq de la tête du triangle
égale trente cinq.
Et trente cinq fois trois
égale cent cinq.
Alors, en soustrayant les deux zéro du cent,
vous trouverez le Un,
et un auquel s’ajoute cinq fait six.
Six axes et au centre dressez le un
de leur silhouette debout.
Un au centre de vos six pôles d'orientation
égale sept,
voilà le Sept, l’homme,
l'homme dressé,
l'homme formé de deux triangles,
l'un tête en bas rencontrant
l'autre, tête en haut.
Et maintenant soufflez sur le vent,
et tomberont dans le vent
les coques poids pyramides
de vos pharaons.
A présent le vent, la terre et le temps
sont entre vos mains.
Buvez le mirage et le soleil.
Qu’attend la révolution ?
Buvez la lie de vos nuits,
déjà vous êtes affranchis,
déjà vous marchez et êtes libérés,
vous marchez au-delà de l’état d’homme
vers la nature du vent.

Rouille du cinq
sur venin du sept
égale douze.
Trente jours frissonnant sous la fureur
de quatre triangles, sceau carré
socle de l’alchimie des mirages,
urine de soleil noir,
encre sperme de scorpion en rut,
redressez-vous,
nous avons métamorphosé la fortune
des nouveaux Crésus et des tyrans
en tornades de sauterelles dévastatrices
fondant sur le lard des coffres-forts.

Charançons,
pâturez dans les casques et les blockhaus,
mangez-les,
la conscience de leur diadème d’argent s’effiloche,
leur monde est devenu un vieux mouton
traînant le postérieur
vers le sillage de vos rêves.
Détournez leur vent sans atermoiement,
égarez-les sur votre terre.
Les lichens déjà rongent
le phallus de leur haine
sous vos sabots.
Emoussez leurs cils,
il ne reste plus sous leurs paupières
la moindre étincelle
hormis les cendres de leurs rêves.

HAWAD

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14 mars 2007

Notre écriture















Notre écriture à nous,
est une écriture de nomades
parce qu'elle est tout en bâtons
qui sont les jambes de tous les troupeaux.
Jambes d'hommes, jambes de méhara,
de zébus, de gazelles,
tout ce qui parcourt le désert.
Et puis les croix disent si tu vas à droite ou à gauche.
Et les points, tu vois il y a beaucoup de points.
Ce sont les étoiles pour nous conduire la nuit,
parce que nous, les Sahariens,
nous ne connaissons que la route,
la route qui a pour guide, tour à tour
le soleil et puis les étoiles.
Et nous partons de notre coeur,
et nous tournons autour de lui
en cercles de plus en plus grands,
pour enlacer les autres coeurs
dans un cercle de vie, comme l'horizon
autour de ton troupeau et de toi-même.

DASSINE ( Poetesse targuie )

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Savez vous que le ver à soie a l’odeur du mûrier dont il vit ?
Que le caméléon adore se dorer au soleil ?
Que les soirs d’Afrique sont les plus noirs qui existent ?
Connaissez vous le vol de l’aigle au dessus des dunes ?
La saveur d’une gorgée d’eau au soleil du désert ?
Le goût du miel sur un beignet bien chaud ?
La symbolique de l’indigo et du khôl pour la femme musulmane ?
Savez vous qu’au plus profond du désert les chacals ne peuvent vivre ?
La brûlure de la soif au lent balancement d’un chameau ?
Connaissez vous le regard d’un Kel Tamacheq ?
La valeur du sel au pays de la soif ?
La douceur du pain cuit sous la braise ?
Savez vous que sur Mars il existe un désert du nom de Sinaï ?

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11 mars 2007
























‘Aman Iman’ – Textes / Français

MANO DAYAK (5’41”)

Textes et musique: Abdallah Ag Alhousseyni

Un hommage à Mano Dayak, le grand leader d’opinion Touarègue du Niger qui s’est tué en avion en 1995. Il a écrit de nombreux ouvrages sur la culture et la politique, il a été le guide de Thierry Sabine pendant les rallyes annuels du Paris-Dakar.

Intro

nak ibda outénéré izayan tamadalt
Moi autrefois j’étais habitant du desert habitué aux tempêtes de sable

izayagh ikaly daw ana d-tadjart
Je suis habité au repos à l’ombre des arbustes Ana et Tadjart

war izeyagh ichkan awadhnen tafaraout
Je n’ai jamais connu assez d’arbres pour constituer une forêt

AKALIN TAMESNA MALAT TAZARAT
Ma terre est le Tamesna* dans sa blanche nudité inhabitée

WAR DISS TADIN TASS WAR DISS TADIN TARHAT
Elle ne peut être pâturages pour vaches et chèvres

AKAL IN-TALAMT SALALAT TAWARAYT
C’est une Terre pour la chamelle suivie de son chamelon


1er couplet / Refrain

TÉNÉRÉ DEN N-AFALA Ye BOUSS
Ce desert qui est au nord de Bouss**

TÉNÉRÉ RHASS MALET TAKISS
Un Desert qui est absolument blanc et nu

WARHEN ICHKAN WALA SEKOUSS
Sans arbres ni secousses

SASTATADJAN MEDAN TAKOUSS
Il est toujours chaud quand les hommes le traversent


Refrain


2eme couplet

IKET NANHEY AHIDJARZAN
C'est maintenant que je vois ce qui me réjouit:

WO’TAMASHEK RHASS IDARAN
Un Touareg juste vivant

HARSEWAL DERH JIHAZTEN
Pour exprimer sa vision grace au téléphone

WARNEN AHSHEK IKLA DAOUSSAN
Sur l’arbre sous lequel il se repose

RATEK TABSIT ETAN WOHAZEN
La fleur tombe autour d’eux

MANO DAYAK ATI TADJAN
Tout cela c’est Mano Dayak qui l’a fait


Refrain


* Une vaste région aride entre le Mali et le Niger
**Une montagne qui se trouve à la frontière nigerienne

Morceau de TINARIWEN en hommage à Mano Dayak ( Nouvel album Aman Iman )

Photo: Croix de Mano Dayak

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Je suis né avec du sable dans les yeux (Mano Dayak).















(p.16)
Mano, me répétait ma mère, la mort est la plus près de la paupière que l’oeil et la plus grande richesse peut être une larme. Ton avenir sera celui que tu maîtriseras... On ne peut rien y faire et il faut accepter. Bientôt, tu seras un homme.

(p.40)
Il ne faut pas penser à ceux qui ont disparu. L’amour, c’est pendant la vie qu’il se donne. A la tombe, on ne peut apporter que des pierres et du gravier.

(p.46)
Le désert ne s’apprend pas, brave homme. Il se vit... Il se vit et il tue ceux qui ne le respectent pas.

(p.47)
Un donneur de leçons est quelqu’un qui veut refaire les choses. Les choses ne se refont jamais.

(p.48)
L’amour, le vrai, doir rester un mystère.
Mano, c’est dans l’éloignement que mon coeur tendra le plus vers toi.

(p.55)
Le Sahara exalte les mérites et aggrave les vices. Y voyagent seulement les chercheurs de lumière. Cette fleur avait trouvé ici son épanouissement et toi, tu l’as tuée. Repens-toi, mon fils, de l’avoir ramassée. Tu as volée un parfum au désert.

(p.57)
Les Touaregs ne doivent pas être dupes des mirages me dit alors mon père. Sur une terre où tout est à gagner, l’illusion n’a pas sa place. Seule compte la pensée lucide car elle exige l’oubli de soi et la prudence.

(p.62)
Mano, plus que des Européens, méfie-toi de leurs livres ! Si tu veux rester un homme libre, ne les ouvre jamais.

(p.67)
Nu il est entré dans ta vie et nu il en est sorti. C’est le plus grand cadeau qu’un jour, tu feras à Allah.
Ne t’accroche pas à ce qui a été, à ce qui sera peut-être. Ce genre de questions t’empêche de vivre l’instant présent et, par là-même, de voir dans cet insecte un message du ciel.

(p.73)
Les Touaregs n’aiment pas compter. Compter c’est épargner, tromper, valoriser, juger. C’est exalter les fausses valeurs.

(p.112)
Un touareg ne montre pas ses larmes. La plus terrible des souffrances, celle que l’on vit dans sa solitude pour l’honneur et par dignité...

(p.127)
Pour nous tenir éveillés, nous buvons des verres et des verres de thé. "Le premier amer comme la vie, le deuxième fort comme l’amour, le troisième suave comme la mort", dit le proverbe.

(p.161)
Tous les prétextes me sont bons pour me lier aux gens. Je connais le marchand de journaux de la rue de Rennes, la fleuriste au coin de la rue Pierre-Charron, le bougnat de la rue Saint-Louis-en-l’Ile, le clochard du quai de la Rapée. Ceux-là, oui acceptent d’échanger quelques mots à la hâte : "Fais pas chaud aujourd’hui", "Les temps sont durs, monsieur", "vous prendrez bien quelque chose ?". Ce ne sont pas de grandes conversations, mais au moins on existe entre nous. Les autres, ceux qu’on croise dans les gares, dans les squares, sur les grands boulevards ou sur les Champs-Elysées, se dérobent, fuient toute discussion. Ils n’ont jamais le temps. Ils n’ont que du mépris et de l’indifférence. Ils ne savent pas que le véritable bonheur est de rencontrer une autre vie et de la serrer dans ses bras. Leur désert me fait peur. Il faut dire qu’ils n’ont pas de repères. Les étoiles brillent si rarement dans le ciel de Paris. Ils sont sourds et aveugles.

(p.200)
Mais rien ni personne ne vient à bout de ceux qui défendent une cause juste.

(p.215)
Je pensais à nouveau qu’un homme ne peut s’épanouir dans une peau culturelle qui ne serait pas la sienne et qu’on chercherait à lui imposer. Que c’est de la différence que naissent la richesse et la force.

(p.232)
Le désert ne se raconte pas. Il se vit. A l’image de la terre qu’il habite, le Touareg a su se faire humble pour survivre mais aussi austère et fort pour se défendre.

(p.235)
Qu’est-ce qu’un homme peut désirer de plus lorsqu’il a le privilège de s’endormir chaque soir sous un ciel protecteur, un ciel semé de plusieurs millions d’étoiles qui se sont allumées pour illuminer ses rêves ? Le désert semble éternel à celui qui l’habite et il offre cette éternité à l’homme qui saura s’y attacher.

Extraits du livre de Mano Dayak " Je suis né avec du sable dans les yeux " (Ed. Fixot)

Suite...

 

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